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Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/399

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APPADJY.

à son ministre favori. Appadjy ! lui dit-il, je veux te soumettre une question : j’entends dire partout que les hommes, dans leurs usages religieux et civils, ne se conduisent que machinalement et par routine, et qu’une religion ou une coutume, une fois établie, ou mise en vogue, est aveuglément suivie par la multitude, quelque ridicule ou quelque absurde qu’elle soit. Je désirerais vérifier la justesse de cette assertion, pour connaître si le ridicule appartient aux usages ou aux hommes qui les suivent[1].

Appadjy, avec sa modestie ordinaire, promit au roi de s’occuper de cette question et de lui donner réponse dans peu de jours.

Le roi congédia l’assemblée, et Appadjy se retira, l’esprit tout occupé de la question que son maître lui avait proposée. De retour chez lui, il fit appeler le berger qui veillait à la garde de ses troupeaux ; c’était un homme d’un esprit lourd et grossier, comme le sont ordinairement les gens de cette classe : Berger, lui dit-il,

  1. Question proverbiale fort en usage dans le pays et connue de tout le monde : Djatra-maroulo ? Djéna-maroulo ? Sont-ce les usages qui sont ridicules ou bien les hommes qui les suivent ? À quoi l’on répond : Djéna-maroulo, ce sont les hommes qui sont ridicules.