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Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/408

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APPADJY.

leur sexe ne leur eussent pas permis d’accompagner leur mari à la caverne ; elles sollicitèrent, comme la plus grande des faveurs, la grâce de faire transporter ce pénitent dans le palais, pour avoir aussi le bonheur de le contempler et de choisir de leurs propres mains un des poils qui couvraient le corps de ce saint personnage.

Il fallut de grandes instances pour fléchir le roi ; enfin il consentit aux désirs de ses femmes, et voulant, dans cette circonstance, honorer le sanniassy autant qu’il était en lui, il envoya sa cour et toutes ses troupes, infanterie et cavalerie, pour l’escorter. Quand on fut arrivé à la caverne, encore environnée de la multitude, qui se disputait les poils du sanniassy, quatre personnes des plus distinguées s’approchèrent de lui, et après lui avoir exposé le sujet de leur mission, prirent entre leurs bras le pénitent immobile et le placèrent dans un superbe palanquin, dans la même posture où il était dans sa caverne. Le berger fut ainsi emmené et promené avec pompe dans les rues de la ville, au milieu d’une foule innombrable, qui poussait des cris de joie et faisait retentir l’air des louanges du saint personnage.

Le pauvre pâtre était à jeun depuis deux jours ; il avait enduré un supplice cruel ; il s’était senti