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LE JARDINIER

se rapportant à une affaire majeure, excédait sa compétence, et qu’il fallait s’adresser directement au roi pour obtenir justice.

C’était ainsi que ces ministres corrompus avaient coutume de recevoir les plaintes des sujets du roi. Ils se renvoyaient les plaignans de l’un à l’autre, de sorte que tout le monde ayant fini par être instruit de leurs dispositions et du pacte inique formé entre eux pour opprimer le peuple, personne n’osait s’adresser à eux pour obtenir réparation.

Mais le jardinier n’était pas homme à perdre ainsi courage : voyant qu’il ne pouvait rien obtenir des ministres, il essaya de pénétrer jusqu’au pied du trône pour demander justice au roi lui-même, et pour lui démasquer en même temps les traîtres qui osaient abuser si indignement de sa confiance. Tous ses efforts pour faire parvenir la vérité aux oreilles du prince furent encore inutiles : les vils satellites qui environnaient ce dernier, vendus tous aux intérêts de ses ministres pervers, repoussaient si brutalement les personnes qui approchaient du palais dans l’intention de porter des plaintes au roi, que le jardinier ne put jamais trouver l’occasion de faire entendre les siennes. Voyant donc qu’il n’y avait aucun moyen de réussir par