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LE CORBEAU, LE SERPENT,

Le Corbeau, le Serpent, Cahla-Sarma et l’Écrevisse.

Sous l’arbre à l’ombre duquel le brahme Cahla-Sarma dormait sans défiance, un serpent monstrueux avait établi sa demeure dans un de ces monceaux de terre élevés par les cariah (ou fourmis blanches), tandis qu’un corbeau avait construit son nid au milieu de ce même arbre. Le corbeau et le serpent, en vivant dans le voisinage l’un de l’autre, avaient contracté ensemble une étroite alliance ; et lorsque quelque voyageur fatigué venait se reposer à l’ombre de l’arbre, le corbeau avait soin d’en avertir le serpent par un cri convenu, et le reptile, sortant de son trou, s’approchait en silence du voyageur, le mordait et lui insinuait son venin dans les veines. Ce venin était si subtil, que la personne mordue mourait à l’instant même, le corbeau rassemblait alors sa parenté, ils se jetaient tous sur le cadavre et se rassasiaient de sa chair.

Ce corbeau n’eut pas plutôt aperçu Cahla-Sarma plongé dans le sommeil qu’il donna au serpent le signal ordinaire ; celui-ci sortit incontinent de son trou, s’approcha du brahme endormi, le