ment le peuple songhoï passa des rives du Nil sur celles du Niger. Cette reconstitution de son exode est moins aisée que la démonstration de son origine égyptienne. Voici la version qui nous semble plausible :
L’émigration dut commencer vers le milieu du viie siècle, car 150 ans après l’Hégire (en l’an 765 environ de notre ère) les émigrants fondent Dienné, et Dienné est le point extrême de leur invasion vers l’Ouest. Cent à cent vingt années sont un temps normal pour comprendre, et les années d’émigration, et les années nécessaires à l’occupation complète des pays qui formeront désormais la patrie songhoï.
Au viie siècle, précisément, l’Égypte subit une secousse propre à justifier un exode. Tranquille depuis la conquête romaine, elle est tout à coup brutalisée par les lieutenants des premiers khalifes qui jettent les bases de l’empire arabe. Les riches pays du Nil éblouissent les conquérants. L’enthousiaste description qu’Amrou en fit au khalife Omar le témoigne. La curée des faméliques Arabes fut magnifique. L’émotion des vaincus dut être en proportion de l’enthousiasme des vainqueurs : Basse, Moyenne, Haute, toutes les Égyptes furent ébranlées vers l’an 640. Plus que d’autres, les Songhoïs eurent-ils à souffrir de l’invasion ? Ne voulurent-ils pas embrasser l’Islam ? C’est ce que ne m’ont pas dit mes savants amis les marabouts, car ils sont les représentants officiels du mahométisme ! Mes manuscrits historiques sont également muets sur ce point. Ceux qui les rédigèrent il y a trois siècles, étaient des marabouts aussi : les mêmes raisons causent ce double silence. Au reste, les habituels procédés des conquérants arabes, leur brutalité et leur cupidité suffisent largement à expliquer la fuite de populations aussi paisibles et laborieuses que se montrent aujourd’hui encore les Songhoïs.
Dialliaman fut-il le promoteur de l’émigration ? Ce rôle cadre avec le portrait que le Tarik nous a laissé de cet