soutenus par le chef de la ville, les notables et les grands commerçants qui aimaient à jouer les Mécènes.
L’étudiant ou Talibé arrivait muni de l’instruction primaire. Un petit marabout de son pays lui avait appris à lire et à écrire. C’est un tableau qui se voit journellement à travers le Soudan. Dans l’ombre devant la maison du maître d’école le matin, dans quelque pièce fraîche ou dans sa cour l’après-midi, les enfants s’assemblent. Rangés en cercle, assis sur… leurs talons, ils répètent en chœur des versets du Koran, s’appliquant à suivre les inflexions de voix, à s’arrêter aux pauses et à donner le ton qui leur sont indiqués. Sur des tablettes en bois (car le papier est infiniment trop cher) ils apprennent à tracer les caractères arabes en recopiant d’autres pages du livre saint. De temps en temps la tablette est lavée, puis exposée au grand soleil, et elle est prête à recevoir de nouveaux devoirs d’écriture.
Plus tard, après avoir enseigné ainsi à lire et à écrire machinalement, le maître explique les textes et fait un commentaire à la fois grammatical et exégétique. Il prend les mots un à un ou groupés en membre de phrase, énonce les règles de syntaxe, donne le sens du terme, et ajoute au verset des réflexions morales, religieuses ou historiques. Lorsque le Koran tout entier a été parcouru de la sorte, les parents de l’écolier, qui jusqu’alors ont offert chaque semaine de petits honoraires en nature ou en cauris, font un dernier et grand cadeau au professeur et l’invitent à une petite fête qu’ils donnent à leurs amis et connaissances.
Maintenant le jeune homme est mûr pour la lecture d’ouvrages plus importants et d’un autre ordre. Nous disons à dessein lecture, car l’enseignement arabe consiste moins en leçons ex professo qu’en des explications d’ouvrages.
Ainsi préparé, le Talibé prenait le chemin de Tombouctou. Il y étudiait, en général, auprès de plusieurs maîtres, dont