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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/36

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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

seul fus assez fort pour lutter contre la mort des sables. En face d’eux tu t’es campé leur criant : Halte ! et leurs troupes de combat, les dunes, s’arrêtèrent, domptées, à cette ligne que tu leur assignas pour extrême domaine, de Tombouctou aux roches de Toasay. Depuis, jamais plus elles n’osèrent les franchir.

Pour toi, cette brève parole n’est peut-être pas ton dernier mot à leur adresse. Avec ton aide irrésistible l’homme attaquera un jour, sans doute, leur empire, le Sahara, et saura transformer en vallée de vie ce domaine de mort. Car quel rêve ne peut-on réaliser, aidé d’un géant tel que toi !

Et géant il faut être, ayant arraché le Soudan aux sables morbides, pour le protéger encore d’année en année contre cet autre géant, le Soleil des tropiques. Grâce à toi, ses feux destructeurs deviennent des rayons de vie ! De tes flots, comme d’un bouclier, tu couvres les vastes plaines et les protèges contre les traits brûlants de ton rival. Au loin, tu te répands, tu te multiplies, laissant partout de ta force, si bien que, par tes inondations, par ton limon, la sécheresse infertile est changée en épaisses moissons et vivaces pâturages.

Dans l’éblouissante immensité des tropiques soudanais, si l’œil n’est pas pris de vertige comme devant un gouffre de lumière, c’est grâce à ta présence. Partout où te conduit ta fantaisie, tu lui prépares des surprises et te révèles comme un enchanteur. Tu fais surgir des grandes villes, sièges de puissants empires, des arbres hauts comme les flèches de nos cathédrales et aux cimes arrondies comme des coupoles byzantines, de verdoyantes prairies aux troupeaux imposants.

De pittoresques villages viennent faire la haie sur ton passage, et encore tu prêtes complaisamment ton vaste dos