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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/360

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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

nombre de gens. Les intéressés achetaient les exemplaires qu’ils trouvaient et les détruisaient.

« Cependant dans notre famille s’était transmis l’écrit original. Une de mes grand’tantes qui habitait Tindirma en avait hérité et le gardait jalousement. Pour s’éviter des désagréments et sauver en même temps le livre de la destruction, elle l’avait placé dans un coffret en bois, puis enterré sous un tertre auprès de sa maison. Elle était veuve. Entre autres charmes, elle avait le don de la causerie. Sa maison était le centre de fréquentes réunions. Quand on lui demandait : Quel est ce tertre dans ton jardin ? toujours elle répondait : C’est Ahmadou Kôti, mon aïeul vénéré qui est enterré là. Et ses familiers ne manquaient pas de dire une courte prière devant le tertre, car Kôti avait laissé une grande réputation de piété et de sagesse.

« Un Foulbé parvint à entrer si bien dans l’intimité de ma tante qu’il lui arracha son secret. Il quitta Tindirma et, se rendit auprès de son roi Cheikou Ahmadou pour lui révéler l’existence d’un exemplaire complet du Fatassi. Peu de temps après une troupe débarquait. Le tertre fut bouleversé et le précieux dépôt découvert. Mais comme les envoyés retournaient à Hamdallaï sur leurs pirogues, celle qui portait le livre chavira et celui-ci fut perdu pour tout le monde. »

On a vu que Cheikou Ahmadou, pour légitimer sa guerre sainte et ses conquêtes, se donnait comme le douzième khalife, appuyant cette prétention sur un fragment, certainement tronqué, du Fatassi. Ne seraient-ce pas les Foulbés principalement qui auraient poursuivi la destruction de ce livre afin qu’on ne pût découvrir la supercherie de leur roi ?

Sous les successeurs d’Askia-le-Grand l’influence politique des marabouts ne cesse de grandir. Leur autorité prend