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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/39

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LE NIGER

rengs et les sardines, et sont un manger délicieux, comparable aux whitebait qui, non moins que son observatoire, ont rendu Greenwich célèbre. Tu as tes algues enfin, semblables aux bruyères violacées de nos forêts.

Tes rives, non moins que tes flots, ressemblent à celles des océans. Tantôt elles se présentent en falaises, comme à Koulhikoro, mais plus souvent sablonneuses comme nos grèves de l’Atlantique. Ce n’est toutefois pas le sable blanc du Désert, poussière impalpable, mais du vrai gravier roux de plage. Aux terres tu n’arraches pas des îles seulement, mais de véritables archipels, dans lesquels plus d’une fois je me suis égaré durant mes navigations, ne célébrant pas du tout, en l’occurrence, maudissant au contraire tes mérites maritimes !

Dans le rivage tu découpes encore des anses aux courbes majestueuses, et là se dressent des cités telles que Niamina, Ségou, Sansanding, semblables à de grands ports au fond des golfes maritimes. Longtemps avant de les atteindre, comme aux abords des ports de mer, l’onde est sillonnée de pirogues chargées ou vides, arrivant ou s’en allant.

Une sensation enfin te grave définitivement dans la mémoire comme le cadet des grands océans. En quittant ton cours, quand on s’enfonce dans quelqu’un de tes affluents, la température s’élève ainsi qu’on le constate en quittant les côtes pour l’intérieur des terres. On regrette les grandes brises qui sur tes vastes eaux s’épandent comme les souffles du large, mais sont arrêtées maintenant par des berges rapprochées. Alors, tout à fait, il vous semble avoir laissé en arrière de soi la mer.

Comme les océans, Niger, tu as également tes marins. Non pas des marins d’occasion, mais des populations en-