des bords du fleuve. Jolis chevaux aux lignes arabes et bœufs-à-bosse imposants, n’ayant plus rien de commun avec les bidets étiques et le bétail nain que j’avais vus dans les pays des sources du Niger. Mais, par-dessus tout, les moutons aux laines longues (remplaçant le poil ras des bêtes du Sud) étaient émerveillants. Et leurs troupeaux se comptaient par milliers de têtes, si bien que sur de longues distances j’avais sur mon passage l’ovation de leurs bêlements.
Un jour, naviguant entre le lac Debo et le pays de Saréféré,
ce fut un tout autre troupeau qu’il me fut donné de
bords du niger (samba-marcalla).
voir. Nous rasions une vaste prairie, au loin bordée de bois,
lorsqu’en émergèrent tout à coup quatre lions noirs se suivant
à la file. C’était à l’heure du soleil couchant. Se dirigeant
vers nous, vers l’eau, ils venaient boire sans doute,
ou guetter quelque troupe de gazelles attirées par le même
dessein. Ils s’avançaient à une allure lente et solennelle.
Mais aussitôt le bruit de nos pagaies leur parvint. La file
s’arrêta, têtes dressées. Les tournant vers nous, ils nous
fixèrent un instant, moitié mécontents, moitié dédaigneux.
Puis reprenant leur solennelle et lente démarche, et toujours
se suivant les uns les autres, ils nous tournèrent la
croupe pour s’enfoncer à nouveau dans les verdures boisées