Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toutes à portée de bons pâturages. Le peuple des environs vous y apportera des vivres en abondance, dès qu’il aura sçu que vous les payez bien. Au reste, faites diligence, & conduisez-vous sur la route avec une moderation qui donne à connoître, que c’est pour le Service de l’Empire Romain que vous portez les armes.[1] »

Comme il doit être parlé souvent de ces sols dans notre ouvrage, je supplie mon lecteur de se souvenir de ce que j’en vais rapporter. Les sols d’or que les derniers empereurs romains faisoient frapper[2], étoient à peu de chose près, du même titre que nos écus d’or, et ils pesoient un cinquiéme de plus que celles de ces dernieres especes qui avoient encore cours en 1689. Les sols d’or du bas empire, et ceux de nos premiers rois qui sont de la même valeur, passeroient donc aujourd’hui premier janvier 1730 s’ils étoient encore de mise, pour environ quinze livres tournois. Ainsi chaque Gépide touchoit par semaine, tant qu’il étoit en route, à peu près quarante-cinq livres de notre monnoye. Suivant toutes les apparences nos Gépides se contentoient d’une moindre solde lorsqu’ils campoient, ou lorsqu’ils étoient dans leurs quartiers. Quelle étoit alors cette solde ? Je n’en sçais rien, mais nous sçavons que dès le tems de Tibere le soldat romain touchoit par semaine la valeur de quinze francs de la monnoye qui a cours aujourd’hui, et dans tous les tems comme dans tous les états, la paye du soldat étranger a toujours été aussi haute du moins, que celle du soldat né sujet du prince qu’il sert.

On voit par la Notice de l’empire, qu’il y avoit un grand nombre de corps de troupes composées de barbares, qui servoient dans les Gaules au commencement du cinquiéme siécle. La multitude de ces cohortes ou de ces corps fait même croire qu’ils n’étoient pas bien nombreux. Il est très-probable que chacun d’eux n’étoit que de sept à huit cens hommes. Du moins il est certain que ce nombre étoit dans les tems précedens, celui des soldats qui composoient une cohorte, et nous ne sçavons pas qu’il y eût eu rien de changé à cet égard. Chacun de ces corps avoit bien un commandant de sa nation, mais il est certain que ce chef étoit subordonné à ceux des géneraux de l’empereur dans le département desquels il servoit. La notice le dit en plus d’un endroit.

  1. Isidor. orig. liv. 16 cap. 24.
  2. Le Blanc, Traité Historique des Monnoyes, p. 3.