Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/178

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l’année deux cens quatre-vingt-six, n’impose aucune taxe personnelle, puisqu’elle ne regarde que les biens-fonds. Ainsi les Gouverneurs des Provinces tiendront la main à ce qu’il ne soit rien demandé autre chose aux Ciroïens par les rôles de l’Indiction, que la contribution dont les fonds qu’ils possedent, sont chargés. » Quelle étoit, année commune, la cottisation d’un bon arpent de terre labourable, et de celle des arpens médiocres et des autres biens fonds ? Que payoit chaque arpent, je ne dis pas pour le canon ? Nous venons de le voir ; mais à raison de cette partie du subside ordinaire, laquelle s’appelloit jugeratio. Mes conjectures sont que cette imposition consistoit ordinairement dans le vingtiéme des grains et autres fruits recueillis sur chaque arpent. Voici sur quoi elles sont fondées.

On lit dans Dion, qu’Auguste établit un droit de vingtiéme, qui se percevoit encore dans le tems de la mort de ce prince, et qui se levoit sur tout le peuple. Or, suivant mon opinion, cette imposition du vingtiéme, ne peut être autre chose qu’un droit de cinq pour cent, levé en nature ou par estimation, sur les fruits recueillis. L’imposition établie par Auguste sur les immeubles qui se vendoient, n’étoit pas un vingtiéme denier ; mais seulement un centiéme denier. Il fut même réduit au deuxcentiéme denier par Tibere, et puis aboli par Caligula. On ne voit pas d’ailleurs que l’imposition mise sur les effets mobiliers vendus, ait jamais été plus forte que le quarantiéme denier, ou que deux et demi pour cent. Ainsi je conjecture que l’imposition d’un vingtiéme dont il est parlé dans Dion, est la jugeration, ou la taxe ordinaire par arpent. D’un autre côté, Dion raconte en faisant l’histoire des dernieres années d’Auguste, que ce prince bien informé que le peuple murmuroit beaucoup contre le vingtiéme, enjoignit au senat de trouver un moïen moins onereux de lever la somme que ce droit produisoit, soit en mettant une imposition d’autre nature sur les terres, soit en mettant une taxe sur les maisons, soit autrement. Le sénat, ajoute Dion, se fatigua vainement pour trouver une impo-