Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/204

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paravant, quand bien mêmeces redevances et ces droits ne se leveroient que sur l’ancien pied. Mais nous trouvons dans les Gaules, sous les derniers empereurs, une taxe par tête, et plusieurs autres impositions, qui très-probablement n’y avoient point été établies par Jules-César ni par Auguste, et qui auront accru les revenus qu’en tiroit l’empire du tems de leurs successeurs quand bien même ce païs n’auroit point été amelioré.

En second lieu, l’édit par lequel Caracalla donna le droit de bourgeoisie romaine à tous les citoïens des communautés, et des Etats soumis à l’empire, dut, comme nous avons déja observé, accroître de beaucoup le revenu dont il joüissoit dans les Gaules. En effet, les citoïens de plusieurs communautés ou Etats, qui avant cet édit de Caracalla, n’étoient point sujets aux impositions dont le citoïen romain commençoit déja d’être surchargé, parce que n’étant unis à l’empire, qu’en qualité d’alliés, leur condition les obligeoit seulement à lui fournir des soldats, et tout au plus quelque subside, ou quelque contribution en denrées, devinrent sujets par la publication de cet édit, à toutes les impositions payables par le citoïen romain. On croit même que le véritable motif qui fit agir Caracalla, lorsqu’il rendit cet édit célébre, fut celui d’augmenter les revenus de l’empire, en augmentant l’ordre des sujets qui païoit le plus au prince, par l’extinction des ordres qui ne lui païoient presque rien. La condition de citoïen romain qui faisoit, sous les premiers Césars, l’objet de l’ambition des autres sujets de Rome, étoit déja devenuë pire que l’état de plusieurs autres de ses sujets, qui peut-être ne l’eussent point acceptée lorsqu’elle leur fut offerte, s’il leur eût été loisible de la refuser.

Ainsi quoique nous ne sçachions point précisement quelle somme rapportoient annuellement les revenus domaniaux, et les droits que le fisc avoit dans les Gaules, nous ne laissons point de voir qu’elle devoit être très-considerable, et peut-être six fois plus grande que celle qu’en tiroit Auguste. Le païs étoit devenu fort opulent, et les redevances et les droits y étoient forts, et en grand nombre.