Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/209

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Je reviens aux Bourguignons. Avant que de s’établir dans les Gaules, ils avoient été long-tems, tantôt les confederés, et tantôt les ennemis des Romains.

Ce qu’il y a de plus singulier à remarquer dans le portrait que l’histoire du moïen âge nous fait des bourguignons, c’est que la plûpart de ces braves gens étoient forgerons ou charpentiers de profession. Avant que d’être établis dans les Gaules, ils y venoient apparemment gagner leur vie à la sueur de leur front, au lieu que le commun des barbares ne connoissoit guéres d’autres outils que leurs armes. Tous les autres barbares regardoient le travail qui se fait pour le service d’autrui, comme un des plus grands malheurs de l’esclavage. Agathias le scolastique qui a écrit dans le sixiéme siécle, dit aussi que la nation des bourguignons étoit également brave et laborieuse. Quant au gouvernement politique, cette nation étoit divisée tandis qu’elle habitoit la Germanie, en plusieurs corps ou tribus, dont chacune avoit son chef, de qui l’autorité, loin d’être héréditaire, n’étoit point même perpétuelle.

Agathias qui vient d’être cité, dit qu’au raport d’Asinius Quadratus, auteur bien plus ancien que lui, et qui avoit donné une description de la Germanie, les Allemands étoient un peuple ramassé et composé de familles sorties de differentes nations. C’est ce que veut dire en langue germanique le mot composé All-man. Agathias observe encore qu’à l’exception de quelques usages particuliers, les Allemands avoient les mêmes coûtumes et les mêmes mœurs que les francs. L’ancienne habitation des Allemands étoit au nord du Danube, et à l’orient du païs que nous venons de voir occupé par les Bourguignons ; mais dès le quatriéme siécle, un essain de ces allemands avoit traversé le Rhin, et il s’étoit cantonné sur la gauche de ce fleuve dans le païs des Helvetiens, qui faisoit une partie des Gaules. Sous le regne d’Honorius il y occupoit les contrées voisines du lac Léman ou du lac de Genéve, et Servius qui écrivoit vers l’année quatre-cens onze son commentaire sur Virgile, y dit : « Le Peuple qui habite auprès du Lac Léman le nomme les Allemands. ». Cette Nation étoit encore Payenne au commence-