Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/224

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voient, et ce qu’ils avoient de particulier dans leur maniere de combattre. Quant à leurs expéditions maritimes, nous avons déja rapporté un passage d’Eutrope, qui fait foi qu’ils étoient des pirates aussi entreprenans que les Saxons. Eumenius et Zosime racontent à ce sujet, un fait qui mérite bien d’avoir place ici. Sous le regne de l’empereur Probus, quelques particuliers d’un essain de Francs qui s’étoit soûmis à l’empire, et à qui l’on avoit donné des habitations sur le bord du Pont-Euxin, se saisirent de plusieurs vaisseaux sur lesquels ils s’embarquerent pour retourner par mer dans leur patrie. Qu’on juge par ce que fit cette troupe de déserteurs, si ceux qui la composoient étoient de bons hommes de mer. Elle saccagea d’abord les côtes de l’Asie et les côtes de la Grece qui se trouverent sur sa route, et puis elle fit avec succès plusieurs descentes en Lybie. Elle aborda ensuite en Sicile, où elle prit et pilla Syracuse, ville autrefois si célébre par les avantages que ses flottes avoient remportées dans plusieurs actions de mer. Après cela nos brigands mirent pied à terre dans le païs que les Romains appelloient la province d’Afrique, et ils ne se rembarquerent qu’à l’approche des troupes qui, pour venir les attaquer, s’étoient rassemblées dans Carthage, la capitale de cette contrée. Enfin, ils entrerent dans l’océan par le détroit de Gibraltar, et ils arriverent sans beaucoup de perte, dans leur païs natal, apprenant au monde par le succès de leur voïage, qu’aucun païs où des vaisseaux peuvent aborder, n’étoit à couvert des entreprises de ces pirates. Les Francs, écrit Libanius, sont aussi assurés dans leurs vaisseaux durant les tempêtes les plus violentes, que s’ils étoient en terre ferme.

Un des panégyristes de Constantin Le Grand raconte que