Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/229

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n’avoient jamais voulu venir faire leur cour aux empereurs, à passer enfin ce fleuve pour venir supplier Stilicon de leur accorder la paix, et de joindre à leur humble priere l’offre de lui donner en ôtage leurs propres enfans.

Il paroît même que les Romains, soit en répandant de l’argent, soit par leurs intrigues, eussent beaucoup de crédit dans l’élection des rois des Francs, et qu’il leur fût permis de se vanter, avec quelque vraisemblance, que c’étoient eux qui avoient mis ces princes sur le trône. » Nos Provinces, dit Claudien à Stilicon, chasseront plûtôt les Officiers envoyés par l’Empereur pour les gouverner, que les Francs ne détrôneront les Rois que vous leur aurez donnez. »

Un troisiéme moyen que les Romains employoient pour vivre en bonne intelligence avec les Francs, c’étoit de tenir à leur solde des corps de troupes de cette nation, et d’avancer aux premieres dignités de l’empire les Francs qui servoient dans ces corps. Non-seulement les Romains empêchoient par cette politique que les hommes les plus actifs et les plus audacieux d’une nation guerriere, ne machinassent sans cesse quelque entreprise sur les Gaules, mais ils attachoient encore à leur service de braves soldats, et de bons officiers.

La notice de l’empire met au nombre des troupes subordonnées au géneralissime de la cavalerie du département des Gaules, l’ancien corps des Saliens, celui des Bructeres, celui des Ampsivariens, et d’autres corps désignés aussi par le nom des païs que les Francs tenoient quand elle fut rédigée, c’est-à-dire, dans le tems d’Honorius. Nous avons déja vû que suivant ce même monument, il y avoit à Rennes un quartier de Francs qui étoient du nombre de ces troupes à qui les Romains avoient donné des terres, et qu’on nommoit les létes ou les Contens. Si nous avions une entiere intelligence de la signification de tous les noms que portoient les corps de troupes dont la notice de l’empire fait mention, et si nous sçavions l’origine de ces dénominations, nous verrions peut-être qu’il y avoit dans les Gaules, sous le regne d’Honorius bien d’autres corps de Francs que ceux dont nous venons de faire mention. Parmi une nation aussi courageuse que l’étoit celle des Francs, il devoit se trouver plusieurs citoïens qui aimas-