Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/244

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tôt la guerre à ce Prince ; & leur Roi Alaric, après avoir ravagé la Thrace, une des Provinces de l’Empire d’Orient, & après avoir commis plusieurs autres hostilités contre cet Etat, attaqua encore quelque-tems après Honorius frere d’Arcadius, & qui regnoit sur l’Empire d’Occident. » Les Ostrogots habitoient à l’Orient du pais des Visigots.

L’infanterie de la nation dont nous parlons, avoit plus de réputation que sa cavalerie. Cette infanterie ne sçavoit pas se bien servir des fleches[1] ni des autres armes offensives qui se dardent ou qui se tirent. Son mérite consistoit à se bien battre l’épée à la main. Au reste, tous les peuples de cette nation n’étoient point également braves ni gens d’honneur. Par exemple, les auteurs du cinquiéme siécle ne parlent point avantageusement du courage et des mœurs des Vandales. Suivant le rapport de ces écrivains[2], il n’y avoit point de peuple barbare dont on fît moins de cas. J’ajouterai même qu’une de ses tribus qui subsiste encore aujourd’hui dans les états du roi de Prusse, en forme d’un peuple particulier, et aussi distingué du reste des habitans des païs situés autour de celui où elle demeure, que les Juifs le sont des chrétiens en Italie, y a la même réputation que les Vandales avoient dans l’empire d’occident au tems dont nous parlons ici. Voici le portrait des Vandales modernes, tel que le fit Frederic-Guillaume électeur de Brandebourg[3], et bisayeul du roi de Prusse d’aujourd’hui, en s’entretenant avec Monsieur Tollius, personne connuë dans la république des lettres, et qui traversoit les Etats de ce prince.

» C’est un Peuple leger, séditieux & perfide, qui n’habite que dans des bourgades, dont véritablement il y en a de cinq ou six-cens feux. Ces Vandales reconnoissent en secret un Roi de leur Nation ; mais ce Roi ne se donne à connoître qu’à ses Sujets qui lui payent chaque année la redevance d’un écu par tête ; on sçait même qu’il garde dans la maison un Sceptre & une Couronne. Le hazard, ajoutoit l’Electeur, me fir voir une fois le Roi des Vandales. C’étoit un jeune homme qui avoit l’air robuste & la mine haute. Un des plus considerables de la Nation s’étant apperçu que je regardois fixement ce jeune homme, il le fit retirer à coups de bâton, comptant bien qu’il me donneroit le change par-là, & que je v ne pourrois jamais penser qu’un homme qu’il traitoit ainsi, fût son Roi. J’ai fait traduire en leur langue la Bible & le Catechisme de Heildelberg, mais je n’ai point encore érigé d’é-

  1. Missilia.
  2. Orosius, Hist. lib. 7. Salv. de Gubern. Del. lib. 7.
  3. En 1687, Jac. Tollil Iter. Hung. pag. 42.