Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/258

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tant plus promptement, que les Vandales étoient très-malmenés par les Francs qui leur avoient déja tué vingt mille hommes du nombre desquels étoit le Roi Godégisile. Tous les Vandales y seroient même demeurés, si les Alains ne fussent point arrivés encore assez à tems pour les tirer d’affaire. Une chose me fait quelque peine, ajoute Gregoire de Tours ; c’est que Frigeridus n’ait pas daigné nous apprendre ici le nom des Princes qui regnoient alors sur les Francs, quand il veut bien nous dire le nom des Rois des autres nations Barbares, dont il parle en cet endroit.

Au reste, le passage de Frigeridus qui vient d’être rapporté, me paroît très-clair, et je ne vois pas bien pourquoi on a cru que son texte eût besoin qu’on y fît des corrections. En effet, la vraisemblance est que les Vandales et les Alains s’étoient donné rendez-vous à quelque distance du Rhin, et que là ils devoient se joindre, et rassembler leurs amis, pour venir ensuite attaquer les Francs qu’on prévoyoit bien devoir disputer l’approche de ce fleuve. Respendial un des rois des Allemands, qui étoit du nombre des amis des Vandales, marche donc vers le Rhin dans le tems convenu, pour se trouver au rendez-vous ; mais il apprend sur la route deux nouvelles qui l’engagent à rebrousser chemin. L’une est que Goar qui avoit pris d’abord le même parti que lui, s’est laissé gagner par les Romains, et qu’il se déclare pour eux. Ce Goar étoit un autre roi des Allemands, qui comme les Francs en avoient plusieurs, et que la situation de ses Etats mettoit à portée de faire une invasion dans les Gaules, et d’être des premiers sur les bords du Rhin. En effet, nous le verrons entrer dans la révolte de Jovinus. L’autre nouvelle qui engage Respendial à tourner le dos au Rhin vers lequel il marchoit, c’est que les francs ayant eu connoissance du projet et des mouvemens des nations liguées contre l’empire, ont prévenu les vandales, qu’ils ont été attaquer les vandales tandis qu’ils étoient encore seuls au lieu du rendez-vous, et que les Vandales ont été battus en plusieurs rencontres. Respendial retourne donc sur ses pas en apprennant ces deux nouvelles, et ce n’est qu’après qu’il a pris ce parti que les Alains arrivent au rendez-vous general, qu’ils joignent les Vandales, et qu’unis ensemble ils défont les Francs, après quoi les peuples attroupés prennent poste sur la rive droite du Rhin, et passent ensuite ce fleuve. Le rapport qui se trouve entre les récits d’Orose, de Procope et d’Isidore, et le récit de Frigeridus, montre distincte-