Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/264

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n’eut pas ainsi le loisir de rien exécuter de considérable. Enfin, les légions de la Grande-Bretagne proclamerent un empereur destiné à regner plus long-tems. Ce fut un homme de fortune, qui étoit entré dans le service en qualité de simple soldat, et qui s’appelloit Constantin, sans être pour cela de la famille de Constantin Le Grand. Le nom que portoit notre Constantin fut néanmoins un des motifs qui le firent saluer empereur par les soldats. On crut qu’il étoit d’un heureux augure de proclamer dans la Grande-Bretagne un Constantin, parce que c’étoit dans ce même païs que Constantin Le Grand avoit été salué empereur.

Le nouveau prince passa la mer incontinent à la tête d’une puissante armée, et il fut reconnu par la plûpart des cités des Gaules. Les troupes romaines éparses dans le païs prêterent serment aux généraux de Constantin, et puis elles vinrent se ranger sous ses enseignes. Il y eut même plusieurs cités de l’Espagne qui se soumirent à lui.

Constantin travailla d’abord avec assez de succès à la délivrance des Gaules. Il battit en plusieurs rencontres les barbares qui les avoient envahies. Une partie d’entr’eux fut contrainte à évacuer le païs. L’autre fut réduite à se réfugier aux extrémités de cette grande province, et à se cantonner dans la seconde Aquitaine, et dans la premiere Narbonoise. Une autre partie traita avec Constantin, qui leur permit de s’établir dans les Gaules, à condition qu’ils s’y comporteroient en bons et véritables confederés de l’empire. Enfin, Constantin avoit déja rétabli un an après son avenement au trône, les camps et les autres postes retranchés que les Romains tenoient sur le Rhin, et il avoit ainsi fermé la porte par laquelle les barbares étoient entrés dans les Gaules.

Il semble que les légions dont les quartiers étoient en Italie, dûssent se mettre en marche dès qu’on y eut appris l’invasion des Gaules, et passer aussi-tôt les Alpes pour donner du secours à celle des provinces de l’empire d’Occident, où étoient ses plus grandes ressources. Cependant on ne voit pas que Stilicon y ait envoyé aucune armée pour repousser, ou pour en chasser les barbares. Son dessein pouvoit être de n’agir qu’après avoir fait proclamer son fils empereur, de laisser battre cependant les barbares par Constantin, et d’attaquer ensuite ce tyran affoibli par les victoires qu’il auroit remportées sur eux. Enfin, vers le milieu de l’année quatre cens