Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/276

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pes, il n’a point cependant, à les entendre parler, de sujets plus fideles qu’eux. L’histoire fait mention de plusieurs révoltes de ce genre.

Le soulevement des provinces-unies des Païs-Bas contre le roi d’Espagne Philippe II, fut durant les neuf premieres années une révolte de ce genre-là. Ces provinces en conséquence de plusieurs résolutions prises par leurs Etats, et puis en conséquence de la pacification de Gand, et de l’union concluë à Utrech en mil cinq cens soixante et dix-neuf, firent long-tems la guerre contre les armées et contre les officiers avoués par Philippe II, en disant que néanmoins elles le reconnoissoient toujours pour leur prince légitime. Dans toutes les villes qui étoient entrées dans la conféderation, on prioit Dieu pour la prospérité du roi d’Espagne, immédiatement avant que de demander au ciel la victoire sur les troupes de ce prince. Les tribunaux faisoient en son nom le procès à ses sujets fideles, et l’on frappoit à son coin l’argent destiné à payer les armées qui agissoient contre lui. Enfin, on lui faisoit prêter serment de fidélité par des officiers, et par des magistrats qui ne pouvoient cependant lui obéir sans être punis comme traîtres. Ce ne fut qu’en mil cinq cens quatre-vingt-un que les Etats Generaux déclarerent Philippe II déchu de son droit de souveraineté sur leurs provinces, en publiant à cet effet un acte motivé et autentique, qui suppose que jusques-là ils fussent demeurés sous l’obéissance de ce prince.

L’état des Armoriques aura été, après qu’ils se furent soulevés contre l’empereur, sous le regne du tyran Constantin, le même qu’étoit l’état des provinces-unies, immédiatement avant l’acte d’abdication  ; c’est ainsi que se nomme la déclaration de mil cinq cens quatre-vingt-un. Les Armoriques auront dit dans leurs manifestes qu’ils ne se révoltoient point contre l’empire, et que c’étoit pour le servir mieux, qu’ils ne vouloient plus obéir à des officiers et à des magistrats à la fois exacteurs et dissipateurs, et à qui le prince, s’il les eût bien connus, n’auroit jamais confié les emplois dont ils avoient