Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/292

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qui sont à l’occident du bas Rhosne. Suivant la chronique de Prosper, on étendit ces quartiers du vivant même d’Ataulphe, et on leur donna l’Aquitaine qui devoit être encore de la confédération Armorique, et dont ils réduisirent apparemment plusieurs cités à recevoir les officiers de l’empereur. Mais les Visigots, loin de tenir la promesse qu’ils avoient faite, de se conduire dans les Gaules en bons alliés et confédérés, n’y eurent pas plûtôt mis le pied, qu’ils prirent avec Jovinius des liaisons qui auroient été funestes à l’empire, sans l’avanture que je vais raconter. Sarus, un officier Got qui servoit les Romains, et dont nous avons déja parlé, venoit de quitter le parti d’Honorius qui l’avoit mécontenté, pour se jetter dans celui de Jovinus. Ataulphe qui s’étoit mis en marche à la tête d’une armée, pour joindre Jovinus, rencontra sur sa route Sarus, qui n’avoit qu’une simple escorte avec lui. Il y avoit entre ces deux Gots une vieille querelle, et l’occasion de la terminer à son avantage, parut si favorable à Ataulphe, qu’il ne put résister à l’envie d’en profiter. Il chargea donc Sarus, et il le fit tuer. Ce meurtre mit de la mésintelligence entre Ataulphe et Jovinus, et cette mésintelligence s’augmenta encore parce que Jovinus associa son frere Sebastianus à l’empire. Il falloit que cette démarche fût une contravention à quelqu’une des conditions du traité que Jovinus venoit de faire avec les Visigots. Quoiqu’il en fût, Ataulphe fit son accommodement pour la seconde fois avec Honorius, et il se déclara contre Jovinus.

En conséquence de cet accommodement, Ataulphe l’année suivante, débarassa Honorius de nos deux tyrans. Il lui envoya d’abord la tête de Sebastianus qui avoit été tué dans une action de guerre ; et après avoir fait Jovinus prisonnier, il le lui livra vivant. Honorius le traita, comme il avoit déja traité Constantin. Ce fut sans doute à la faveur de tous ces mouvemens que les Bourguignons à qui nous venons de voir prendre les armes pour le service de Jovinus, passerent le Rhin en l’année quatre cens treize, pour s’établir dans les Gaules, où ils s’emparerent de plusieurs contrées assises sur la rive