Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bitionnoient que les dignités qui ne donnoient point de part aux affaires. Celle des Provinces Confédérées craignoit de s’exposer à l’envie du peuple, & celle des Provinces Obéissantes ne vouloit pas donner de jalousie aux Espagnols. » On sçait avec quelle insolence la canaille ligueuse traitoit en France les personnes respectables qui se trouvoient engagées dans le parti de la sainte Union.

Il paroîtra clairement par la suite de cette histoire, qu’en quatre cens seize, ou dix-sept, Exsuperantius ne fit rentrer dans le devoir qu’une partie des provinces de la confédération Armorique, et qu’ainsi ce Romain ne termina point l’affaire à laquelle il travailloit actuellement, tandis que Rutilius écrivoit son itineraire. Suivant les apparences, Exsuperantius ne put ramener alors sous l’obéissance de l’empereur que celles des cités de la seconde Aquitaine que les Visigots n’avoient point réduites, et la plûpart des cités de la premiere Aquitaine. En effet nous trouverons dorénavant plusieurs cités de ces deux provinces dans une pleine dépendance des officiers du prince, quoiqu’elles fussent comprises certainement dans le commandement Armorique[1]. Il en sera de même des cités de la seconde Belgique dont il est probable qu’une partie, du moins étoit entrée d’abord dans cette confédération. Mais d’un autre côté, la seconde, la troisiéme, et la quatriéme des provinces Lyonnoises doivent avoir été sourdes aux remontrances d’Exsuperantius. Car l’on verra clairement par la suite de l’histoire que ces provinces persevererent alors dans la résolution de ne point se soumettre à l’autorité des officiers nommés par l’empereur.

Quoique les Armoriques ne se fussent point soulevés contre Honorius, mais contre le tyran Constantin, il ne s’ensuit pas qu’ils ayent dû consentir à se remettre sous le gouvernement du prefet du prétoire et des autres officiers impériaux, aussi-tôt que ces officiers eurent cessé d’être ceux de Constantin, et qu’ils furent redevenus les officiers d’Honorius. Depuis l’année quatre cens neuf que les provinces Armoriques s’étoient mises en république jusqu’à l’année quatre cens seize, les personnes qui s’étoient emparées de l’autorité dans cet Etat, avoient gouté la douceur de commander. Elles ne manquoient donc pas de representer à leurs compatriotes qu’ils ne seroient pas mieux traités par les officiers d’Honorius, qu’ils l’avoient été par les officiers du tyran et par ceux de ses devanciers. Elles leur disoient qu’on rétabliroit les impôts supprimés, qu’en un mot toutes les véxa-

  1. Voyez Roy. Gall. & Fr. Scii. T. p. pag. 587.