Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/325

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tuellement à la tête de l’armée qui faisoit la guerre en Espagne, et Flavius Gaudentius Aëtius qui joua depuis un si grand rôle dans les Gaules. Le nouvel empereur le fit comte du palais, ou pour s’exprimer en des termes dont la signification soit plus connue, grand-maître de sa maison.

Le passage de Gregoire de Tours que je vais rapporter, et qui contient un fragment de l’histoire de Frigeridus, fera connoître Aëtius, et il donnera encore une idée de la confusion où fut l’empire d’Occident durant les deux ou trois années qui suivirent immédiatement la mort d’Honorius. Voici donc mot à mot ce qu’on lit dans Gregoire de Tours. » Je crois devoir transcrire ici ce qui se trouve (a) concernant Aëtius, le fleau d’Attila, dans le douziéme Livre de l’Histoire de Frigeridus. Cet Auteur ayant raconté qu’après la mort d’Honorius, Theodose le jeune avoir fait Empereur son cousin Valentinien, qui n’étoit encore âgé que de cing ans, & que dans le même tems le Tyran Joannes, qui s’étoit fait proclamer Empereur à Rome, avoit envoyé des Ambassadeurs à Theodore, qui les avoir reçûs avec mépris ; il ajoûte le récit suivant. Tandis que ces choses se passoient, les Ambassadeurs que Joannés avoit envoyés à Theodose, revinrent, & ils rapporterent à leur Maître pour toute réponse ; Qu’il abdiquât l’Empire, s’il vouloit conserver sa tête. Joannés se disposa donc à repousser l’Armée que Theodose alloit faire passer en Italie, & il envoya Flavius Aëtius, Comte du Palais, auquel il confia une grosse somme d’argent, traiter avec les Huns dont cet Officier s’étoit acquis l’estime & l’amitié, tandis qu’il étoit en otage chez eux. Sa commission étoit d’engager les Huns à charger en queuë l’Armée de Theodose, dès qu’elle seroit entrée dans les Alpes, pour passer en Italie, & de leur promettre que dans le tems même qu’ils l’attaqueroient, Joannès la chargeroit en tête. Mais comme je me trouverai souvent obligé de parler d’Aëtius, il me paroît convenable de dire de quel Sang il sortoit, & de tracer ici son portrait en peu de mots. Son pere Gaudentius étoit un des plus notables Citoïens de la portion de la Scythie, qu’on avoit réduite en forme de Province, & après avoir servi d’abord dans le Palais, il étoit