Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/328

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son sang avoient eu autant de capacité et de courage que les princesses qui descendoient de lui. Mais, comme nous le verrons par plus d’un exemple, il sembloit que dans la maison de Theodose Le Grand, l’art de regner fût, pour ainsi dire, tombé de lance en quenouille.

Nous avons vû qu’Aëtius avoit fait sa paix avec Placidie aux dépens de Joannés. Ainsi non-seulement Valentinien pardonna le passé à ce géneral, mais il l’envoya encore dès l’année quatre cens vingt-cinq, commander dans les Gaules, où les provinces demeurées sous l’obéissance de l’empire, étoient en grand danger. Les Visigots, soit sous le prétexte de soutenir le parti de Joannés, soit sous un autre, s’étoient mis en campagne ; et comme la ville d’Arles où étoit dès-lors le siége de la préfecture du prétoire des Gaules, ne voulut point les recevoir, ils l’assiégerent dans les formes. Ils avoient autant d’interêt à s’en rendre les maîtres, que les Romains à la conserver. Tant que les Romains conservoient Arles, ils pouvoient, en passant le Rhône sur le pont construit auprès de cette ville, pénétrer aisément jusqu’au milieu des quartiers des Visigots en cas de rupture. Durant la paix, cette place donnoit aux Romains une communication facile avec ceux des sujets de l’empire, qui demeuroient dans les païs où étoient les quartiers de nos barbares, et par conséquent le moyen d’entretenir ces sujets dans l’esprit d’obéïssance à leur veritable souverain. D’un autre côté les Visigots, en se rendant maîtres d’Arles, fermoient, pour ainsi dire, cette porte qui pouvoit donner entrée à une armée impériale dans le centre de leurs quartiers, et ils pouvoient, en s’étendant ensuite jusqu’aux Alpes occuper les passages par où l’on vient d’Italie dans les Gaules. C’étoit le moyen de se rendre entierement maîtres de cette derniere province. Voilà pourquoi nous verrons Arles assiegée tant de fois dans la suite de cette histoire.

A l’approche d’Aëtius les Visigots leverent leur siége ; mais ils ne se retirerent pas impunément devant lui. Il les chargea, et les batit. Un grand nombre de ces barbares resta