Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/362

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ques. Mais avant que de passer les Alpes pour aller à Rome, il fit une disposition qui ralluma la guerre durant son absence, peut-être plûtôt qu’il ne s’y attendoit. Il assigna donc des quartiers stables et permanens dans les environs de la ville d’Orleans aux Scythes auxiliaires qui servoient dans son armée, et qui avoient alors pour roi, ou pour chef Sambida. Aëtius en usa ainsi, en interprétant à son avantage, suivant l’apparence, quelqu’article de la pacification qu’il avoit accordée aux Armoriques, qui de leur côté firent de leur mieux pour se défendre contre l’entreprise faite en conséquence de cette interprétation. Mais ils succomberent à la fin, comme nous le verrons ; et je crois même que ce fut alors qu’Orleans se vit contraint à rentrer sous l’obéissance de l’empereur.

Je fais ici une correction importante dans le texte de la chronique de Prosper, où je lis que ce fut autour d’Orleans qu’Aëtius donna des quartiers à ses Alains, quoique le texte de Prosper dise que ce fut autour de Valence.

Deux raisons m’engagent à la faire, et à changer Valence en Orleans, en lisant Urbis Aurelianae deserta rura, pour urbis valentinae deserta rura. La premiere est, qu’il n’est point vraisemblable que les Romains ayent voulu donner aux Alains les terres incultes de la cité de Valence, ville située sur le Rhône, entre Arles, où étoit le siege de la préfecture du prétoire des Gaules, et Lyon. Pourquoi établir sur le bas Rhône, et dans une contrée des Gaules où tout le peuple étoit soumis, une colonie suspecte, et qui pouvoit, dès que l’envie lui en prendroit, empêcher la communication de la capitale avec la premiere Lyonnoise, et les autres provinces obéissantes qui étoient au septentrion et à l’orient de celle-là ? Au contraire, il convenoit pour plusieurs raisons, de placer cette colonie dans les campagnes des environs d’Orleans, que la guerre entre les provinces obéïssantes et les provinces confédérées, avoit rendues incultes. Cette peuplade devoit encore servir de frein aux Armoriques dans le païs de qui l’on l’établissoit.

En effet, et c’est ma seconde raison, il est certain qu’Aëtius établit pour lors une colonie de ses Alains sur la Loire et dans les environs d’Orleans. On lira dix évenemens dans la suite de l’histoire qui rendent ce fait-là constant. Je crois donc que c’est de cette colonie que Prosper a voulu parler à