Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Panegyrique de Majorien au Vers deux cens-douze, Pugnastis pariter, Franc. Ç’aura donc été vers l’année quatre cens quarante-cinq que Clodion se sera emparé du Cambrésis, & vers quatre cens quarante-six qu’il aura eu un de les quartiers enlevé près le Vieil Hesdin, mais sans être obligé pour cela de repasser le Rhin. ç’aura été le même tems que la tribu des francs, qui a porté le nom de Ripuaire, jusques sous nos rois de la seconde race, se sera établie entre le bas Rhin, et la basse Meuse. On ne sçauroit presque douter que ce ne soit la situation du païs qu’elle occupoit entre ces deux fleuves qui lui ait fait donner par les romains ce nom tiré du mot latin Ripa, qui signifie rive. Or comme Jornandès met les Ripuaires au nombre des peuples qui joignirent Aëtius, lorsqu’en quatre cens cinquante et un il marcha contre Attila, il faut que notre tribu fût dès-lors établie dans le païs qui lui avoit donné son nom. D’un autre côté, nous ne trouvons dans aucun monument de notre histoire, en quel tems les Ripuaires se cantonnerent dans le païs, dont ils étoient en possession dès l’année quatre cens cinquante et un. Voilà ce qui me porte à supposer que cet établissement se soit fait à la faveur des désordres que dut causer parmi les troupes romaines en quartier au-dessus et au-dessous de Cologne, l’invasion de Clodion dans la seconde Belgique.

M. Eccard[1] croit que cette tribu ou plûtôt cette nation des Ripuaires étoit composée en partie de Francs, et en partie des soldats romains qui avoient leurs quartiers entre le Bas-Rhin et la basse-Meuse. Il pense que ces derniers étant coupés d’un côté par les Francs-Saliens, qui s’étoient rendus les maîtres de la portion du lit du Rhin qui est au-dessous de Cologne, et d’un autre côté, par les peuples qui s’étoient emparés de la premiere Germanique, consentirent à s’incorporer avec quelques essains de Francs. Les Francs et les Romains qui composerent dans la suite le peuple Ripuaire, s’unirent donc alors entr’eux, suivant notre auteur, à peu près comme nous verrons que les Francs-Saliens et les Armoriques s’unirent ensemble sous le regne de Clovis. M Eccard croit même que ce furent ces soldats romains qu’on appelloit dès avant cette union, des troupes ripuaires, parce qu’ils étoient spécialement destinés à garder la rive du Rhin, qui donnerent leur nom à la nouvelle nation composée d’eux-mêmes, et des Francs, avec lesquels ils s’associerent. On peut fortifier

  1. Comm. in Leg. Ripuar.