Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bruit du tonerre. Ce fut un double avantage pour les Assiégés. La tempête qui leur donna de l’eau dont ils manquoient ; obligea encore les Assiégeans d’abandonner leurs travaux. Tout le monde étancha. sa soif, & tous les vaisseaux furent remplis. Ainsi les prieres de Saint Meisme eurent la vertu de faire lever le siege de Chinon, de maniere que les Habitans des environs qui s’y étoient enfermés, sortirent sains & saufs de la place. »

Il faut bien croire que lorsque la ville de Tours étoit rentrée sous l’obéissance de l’empereur, toute la cité ou tout le district de cette ville n’avoit pas suivi son exemple, et que la place de Chinon s’étoit obstinée à demeurer dans le parti des Armoriques. Cela supposé, rien n’étoit plus important pour l’empereur que de la prendre par force, afin, comme on le dit ordinairement en ces occasions, de nettoyer le païs, et d’ôter aux Armoriques une place qui les mettoit en état d’entreprendre sur Tours, et d’inquieter la premiere Aquitaine, dont les peuples étoient alors soumis au prince.

M De Valois est un peu surpris de voir Egidius faire à la tête de l’armée imperiale le siége de Chinon. En effet, Chinon devoit être depuis long-tems une ville pleinement soumise à l’empereur, si l’on s’en rapporte à l’opinion commune, qui suppose que dès l’année quatre cens dix-huit, les Armoriques étoient tous rentrés sous l’obéissance du prince, par la médiation d’Exsuperantius. D’un autre côté, celui qui l’assiege, c’est Egidius qui commandoit sous Aëtius une partie des troupes que l’empereur avoit dans les Gaules, où nous le verrons dans quelques années maître de la milice. Enfin c’est le même Romain, qui est si célebre dans les commencemens de nos annales, et la même personne dont nos écrivains font mention sous le nom de Gilles ou du comte Gillon. Quelques auteurs grecs l’appellent Nygidios, parce que les Latins disoient eux-mêmes quelquefois Igigius pour Egidius. Nous rapportons dans la suite de cet ouvrage des vers de Fortunat, où il appelle Igidius le même évêque de Reims que Gregoire de Tours nomme Egidius.

M De Valois, pour expliquer ce qui lui paroît difficile à comprendre, suppose donc que les Visigots s’étoient emparés de Chinon, et qu’ils tenoient une garnison dans la place. Cette opinion est établie dans son premier volume de l’histoire de France. Un peu de réflexion