Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/417

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des Armoriques en quatre cens quarante-six.

On voit par cet exposé qu’il n’y avoit plus que le tiers des Gaules où les officiers de l’empereur fussent obéïs, et où ils pussent exiger des subsides et lever des soldats. On observera encore, ce qui est très-important en de semblables conjonctures, que ce tiers n’étoit point ramassé ou composé de cités contiguës, qui composassent un territoire arrondi, et dont il n’y eût que la liziere qui confinât avec un païs ennemi ou suspect. Au contraire, les païs demeurés sous l’obéïssance de l’empereur étoient épars dans toute l’étenduë des Gaules, et par conséquent, frontieres de tous les côtés de contrées dont des ennemis déclarés, ou des amis suspects étoient les maîtres. Aucun de ces païs ne se reposoit, pour ainsi dire, à l’abri d’une barriere assûrée, et n’étoit assez tranquille, pour ne penser qu’aux besoins généraux de l’Etat. D’ailleurs sçavons-nous si la cour de Valentinien, qui ne regarda jamais Aëtius que comme un ennemi reconcilié, ne limitoit pas tellement ses pouvoirs, qu’il n’étoit point le maître de faire ni la paix ni la guerre quand il le falloit, ni comme il le falloit ? Il n’est donc point surprenant que lorsqu’on apprit dans les Gaules qu’Attila se disposoit à y faire dans peu une invasion, Aëtius n’eût point encore réduit les Armoriques, ni contraint les Francs à capituler avec lui aux mêmes conditions qu’ils avoient traité en quatre cens vingt-huit. Cette terrible nouvelle obligea tous ceux qui habitoient dans les Gaules, de quelque nation qu’ils fussent, à se réünir contre le roi des Huns. Nous avons vû que la guerre n’avoit recommencé entre les officiers de l’empereur et les Armoriques que vers l’année quatre cens quarante-cinq, et que c’étoit vers cette année qu’elle s’étoit allumée entre les Romains et les Francs Saliens par la surprise de Cambray ; d’un autre côté nous allons voir qu’il est probable que le projet d’Attila ait été connu dans les Gaules dès la fin de l’année quatre cens quarante-neuf.