Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/433

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n’auroit point écrit et publié que son projet étoit d’entrer dans les Gaules, si son dessein sérieux n’eût pas été de marcher d’un autre côté : que ses preparatifs regardoient sans doute l’empire de Constantinople, et que c’étoit à Martian de prendre ses précautions : qu’en tout cas la paix qu’on venoit de conclure avec les Francs comme avec les Armoriques, et l’alliance que l’empire entretenoit avec les Visigots, mettroient le général qui seroit chargé par le prince du soin de défendre les Gaules, en état d’empêcher les Huns d’y pénétrer.

Tandis que la cour perdoit le tems à raisonner sur le projet d’Attila, ce prince se mit en marche. Ce fut à la fin de l’année quatre cens cinquante, ou au commencement de l’année suivante. Le chemin qu’il avoit à faire, et le tems où il prit Mets, qui fut la veille de Pâques de l’année quatre cens cinquante et un, empêchent de croire qu’il soit parti plus tard. Personne n’ignore que les peuples qui habitent dans les païs froids, ne voyagent pas aussi volontiers durant l’été que durant l’hyver, qui rend praticables les terrains les plus humides, et qui donne le moyen de passer sur la glace, les rivieres et les fleuves. Il falloit bien que les Vandales et les autres barbares, qui firent dans les Gaules en quatre cens sept la fameuse invasion dont nous avons fait mention tant de fois, eussent marché durant l’hyver, et à la faveur de la gelée, puisqu’ils passerent le Rhin la nuit du dernier decembre au premier janvier. A en juger par les convenances et par les évenemens subséquens, les Huns auront remonté le Danube, en marchant sur la rive gauche de ce fleuve, et quand ils auront eu gagné la hauteur du lieu où est aujourd’hui la ville d’Ulm, ils auront pris sur leur droite, afin de n’avoir point à traverser la Montagne Noire. Enfin en recüeillant toujours sur la route les essains de barbares qui avoient promis de les joindre, ils seront arrivés au Nécre, qu’ils auront suivi jusqu’à son embouchure dans le Rhin, et ce fut, comme nous le verrons bien-tôt, auprès de ce confluent, qu’ils passerent le fleuve qui servoit de barriere aux Gaules.

L’armée d’Attila étoit de plusieurs centaines de milliers d’hommes. Voici le dénombrement qu’en fait Sidonius Apollinaris. « Tous les barbares conspirent contre les Gaules