Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/447

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battus, mais que le plus grand Capitaine de l’armée ennemie demeureroit sur la place. Attila croyant que cette prédiction regardoit Aëtius, qu’il considéroit comme le plus grand obstacle à ses desseins, résolut d’acheter par la perte d’un combat, la mort du Géneral Romain ; & comme il ne prenoit point son parti à la guerre, sans avoir bien examiné le pour & le contre, s’il se détermina à livrer bataille, ce fut avec la précaution de ne la donner qu’environ trois heures avant le coucher du Soleil, afin que s’il y avoit du désavantage, il pût à la faveur de la nuit se retirer à travers la partie des champs Catalauniques, qui lui restoit à passer. Les deux armées se trouverent donc en présence dans ces plaines qui s’appellent aussi les champs de Maurice, & qui ont cent lieuës de long & soixante-dix de large. » La lieuë, ajoute Jornandès, est une mesure dont on se sert dans les Gaules, pour calculer la distance d’un lieu à un autre, et chaque lieuë a quinze cens pas de longueur. Aujourd’hui nos plus petites lieuës françoises sont d’un tiers plus longues que ne l’étoient ces lieuës gauloises.

Il est sensible, et par la narration de l’historien des Gots, dans laquelle je n’ai rien changé, si ce n’est la place de la description des champs Catalauniques, laquelle j’ai jugé à propos de transposer, pour la mettre dans son endroit naturel, et par la narration de Gregoire de Tours, qu’Attila se retiroit, lorsqu’Aëtius l’atteignit dans les vastes plaines dont nous venons de parler.

Il seroit ennuyeux de lire ici les differentes opinions que les sçavans ont euës concernant la partie des Gaules où étoient les champs Catalauniques et Mauriciens. D’ailleurs il y a trois raisons décisives qui empêchent de douter que ces champs ne fussent dans la province, qui peut-être en a tiré son nom, et que nous appellons aujourd’hui la Champagne. En premier lieu, c’étoit la route qu’Attila devoit tenir. Il étoit parti d’Orleans pour regagner le Rhin. En second lieu, la description que Jornandès fait des champs Catalauniques, convient aux plaines qui sont aux environs, non pas de Châlons Sur Saône, mais de Châlons en Champagne, dont le nom latin est encore Catalaunum. Enfin Idace dit en parlant de l’évenement dont il s’agit : « Les Huns violant la paix, saccagent les Provinces des Gaules, &