Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/453

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examiner de près les morts étendus le long des retranchemens d’Attila, ils reconnurent le corps de leur roi, et ils l’emporterent en chantant suivant l’usage de leur nation, le cantique fait à la gloire de ceux qui mouroient en combattant pour la patrie, sans que les Huns osassent faire aucune sortie pour l’enlever. Les Visigots avant que d’achever les funerailles de Theodoric, proclamerent son fils Thorismond roi ; et ce fut lui qui fit en cette qualité les honneurs de la cérémonie.

J’interromprai ici la narration de Jornandès, pour dire ce que nous apprend un autre endroit du même auteur ; c’est que Theodoric I roi des Visigots, laissa six garçons quand il mourut, sçavoir, Thorismond, Theodoric qui regna après Thorismond, sous le nom de Theodoric II, Euric ou Evaric, qui succeda à ce Theodoric II, Frétéric ou Frederic qui ne regna point, et qui fut tué, comme nous le dirons sur l’année quatre cens soixante-trois, dans une bataille qu’il perdit contre Egidius, et enfin Rotemir et Himmeric. Theodoric I en partant de Toulouse pour joindre Aëtius, avoit bien amené avec lui Thorismond et Theodoric II ses deux fils aînés ; mais il y avoit laissé ses quatre puînés.

Thorismond qui souhaittoit avec ardeur (je reprends la narration de Jornandès) de venger la mort de son pere, en exterminant les ennemis, proposa au géneral Romain de marcher à leurs retranchemens. Vous avez, lui dit-il, plus d’experience que moi, faites la disposition de l’attaque, et je donnerai à la tête de mes Visigots. Mais Aëtius qui craignoit que la cour de Ravenne ne le maltraitât derechef s’il cessoit d’être nécessaire, ne voulut point forcer le camp d’Attila. ç’auroit été exterminer en un jour presque tous les ennemis de l’empire. Aëtius pour faire approuver sa conduite aux Romains, leur representa qu’on devoit apprehender que si les Huns et leurs alliés restoient tous sur la place, les Visigots ne fissent la loi à l’empire. Il conseilla ensuite à leur nouveau roi de ne songer qu’à s’en retourner au plûtôt dans les quartiers de sa nation, c’est-à-dire, à Toulouse, de s’y mettre en possession du gouvernement, et d’empêcher par sa diligence que ceux de ses freres qui étoient sur les lieux, ne s’emparassent du tresor de son pere, et qu’ils ne s’en servissent