Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/455

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Germanie que peu de monde ; et il périt de part et d’autre trois cens mille hommes dans la guerre dont il est ici question. On n’aura point de peine à donner foi au récit d’Isidore, qui sur ce point n’a fait que copier Idace, dès qu’on fera réfléxion que le calcul d’Idace comprend non-seulement les hommes tués dans des combats ou morts des maladies ordinaires dans les camps, mais encore tous ceux qui furent égorgés par les barbares dans le sac des villes, et tous les barbares qui en pillant le plat-païs, furent surpris et assommés par les gens de la campagne. Voilà le moyen de concilier ces auteurs avec Jornandès, qui dit que dans les differens combats qui se donnerent durant le cours de cette guerre, il y eut de part et d’autre cent soixante et deux mille hommes de tués. Le reste sera mort de misere, de maladie, ou aura été égorgé par les païsans…

» Attila ayant sçû le départ des Visigots, écrit Jornandès, crut long-tems qu’il n’étoit qu’une ruse de guerre des ennemis, qui vouloient l’attirer hors de son retranchement. Mais dès qu’il eut reconnu au silence qui regnoit dans les lieux circonvoisins, qu’ils étoient partis tout de bon, il se rassura, & il recommença de former de nouveaux projets. » En effet, nous verrons ce prince faire l’année suivante une invasion dans l’Italie. Il reprit donc dans le tems dont je parle, la route du Rhin, sans être suivi que par des corps de troupes qui le cottoyoient, afin de l’obliger à marcher serré, et comme nous l’avons déja dit, il repassa le Rhin ayant peu de monde avec lui, à proportion de ce qu’il en avoit lorsqu’il passa ce fleuve.

Voilà comment se termina l’invasion mémorable qu’Attila fit dans les Gaules en quatre cens cinquante-un, et contre laquelle l’empire Romain ne fut défendu que par les armes des usurpateurs de son territoire. Mais l’esprit qui regnoit alors parmi les principaux sujets de cette monarchie, étoit encore un présage plus certain de sa chûte prochaine que ne l’étoit sa foiblesse même. En effet, que penser autre chose quand on voit Aëtius trahir les interêts de Rome, en n’achevant point de