Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/463

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tre cens cinquante-deux, formé le projet d’une seconde invasion dans les Gaules. Il y aura fait passer des émissaires, dont les pratiques découvertes, auront été cause que Thorismond sera venu lui-même dans les quartiers de nos Alains, pour s’y assurer des traîtres qui s’étoient laissé gagner par ces émissaires une seconde fois. Cela ne se sera point fait sans effusion de sang. Les partisans d’Attila se voyant découverts, se seront défendus contre les Alains fidelles à l’empire, et contre Thorismond. Là-dessus Jornandès toujours désireux de faire honneur à ses Gots, aura imaginé celles des circonstances de l’évenement dont il s’agit, qui sont contraires à la vraisemblance. Peut-être même que Jornandès qui écrivoit cent ans après, n’a rien imaginé, et qu’il a seulement eu le malheur de s’informer à des personnes qui n’étoient pas bien instruites. Il n’y avoit dans le sixiéme siécle, ni gazettes, ni journaux politiques. Si l’on en croit Juvencius Coelius Calanus[1] qui a écrit la vie d’Attila dans le onziéme siécle, ce roi des Huns n’avoit encore que cinquante-six ans, lorsqu’il mourut dans son lit. Il sembloit destiné à périr d’une mort violente après avoir été pendant plusieurs années, le fleau dont la providence se servoit pour châtier les nations.

La monarchie formidable, dont Attila étoit le fondateur, ne subsista point long-tems après sa mort. Ses fils se broüillerent sur le partage des états qu’il leur laissoit, et la guerre civile, qui bien-tôt s’alluma entr’eux, fut pour les peuples subjugués par le pere, une occasion favorable de secoüer le joug qu’il leur avoit imposé. Ils en sçurent profiter, et les romains furent ainsi délivrés d’une puissance rivale, qui les menaçoit sans cesse, et qui les attaquoit souvent. On doit aussi regarder la dissipation des états qui formoient la monarchie d’Attila, comme un évenement favorable à l’établissement de celle des francs dans les Gaules, où les barbares qui habitoient les bords du Danube, ne furent plus en état de revenir.

  1. Editl. anni 1736. p ; 153.