Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/514

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mât enfin empereur ou Marcellianus ou un autre, ce qui auroit rendu le parti encore plus difficile à abbatre. Le nouvel empereur ne pouvoit donc faire mieux que d’attaquer la ligue dont on parle, avant que tous ceux qui déja y étoient entrés fussent d’accord entr’eux sur le chef qu’ils lui donneroient.

Nous avons dit que le second projet de Majorien, celui qu’il devoit executer après avoir fait reconnoître son autorité dans les Gaules, étoit de passer en Afrique, pour y reconquerir les provinces dont les Vandales s’étoient emparés à main armée. De tous les barbares qui avoient envahi le territoire de l’empire, les Vandales d’Afrique devoient être les plus odieux au peuple Romain, parce qu’ils étoient ceux qui lui faisoient le plus de peine. L’Italie et Rome surtout ne pouvoient subsister alors, qu’avec le secours des bleds d’Afrique. Ainsi l’on peut croire que même dans les intervalles de paix, le peuple Romain avoit souvent à se plaindre de toutes les vexations qu’un Etat maître de couper les vivres à un autre, ne manque guéres à lui faire souffrir. En tems de guerre nos Vandales désoloient l’Italie, soit en faisant sur ses côtes des descentes imprévûës, soit en croisant sur la Méditerranée. Nous avons vû Genseric roi de ces Vandales saccager Rome peu de tems après la mort de Valentinien III et l’histoire du cinquiéme siécle parle de plusieurs autres villes surprises par les sujets de ce roi barbare. Sidonius dans le panegyrique d’un des successeurs de Majorien, fait dire à l’Italie : » D’un autre côté le Vandale me presse. Chaque année il arme une flotte qui me fait quelque nouvel outrage. L’ordre des choses est renversé. Le Midi déchaîne contre moi les vents furieux du Septentrion. » Procope dit en parlant des Vandales d’Afrique, qu’il y avoit long-tems, lorsque Justinien les attaqua, qu’ils étoient en possession de saccager chaque année les côtes de l’Illyrie, du Péloponese, de la Grece, des isles voi-