Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/523

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nistre affidé, & capable d’appaiser avec le tems, l’esprit des révoltés. Childéric avant que de partir convint avec ce Serviteur fidele d’une contremarque, par le moyen de laquelle à il pût l’informer du tems ou les conjonctures seroiene favorables à son retour. Pour cet effet on rompit en deux une piéce d’or, dont le Roi emporta une moitié, laissant l’autre à son Ministre, qui lui dit, quand ils se séparerent : Dès que je vous aurai fait tenir la moitié que je garde, commencez par rapporter avec celle qui demeure entre vos mains, & après vous être bien assuré que ce sera ma moitié que vous aurez reçûë, revenez dans vos Etats avec confiance. Incontinent Childéric partit, & il se réfugia dans la Turin où il vecut comme un simple particulier à la Cour du Roi Basinus, & de la Reine femme de ce Prince. » Fut-ce dans la Turinge Gauloise, ou dans la Turinge Germanique, que Childéric prit son azile : Nous l’ignorons. » Après le dé » part de ce Prince, Gregoire de Tours reprend ici la parole : » Les Francs d’un consentement unanime choisirent pour les gouverner ce même Egidius, dont j’ai dit ci-dessus qu’il avoit été fait Maître de la Milice par l’Empereur. » Nous rapporterons le reste du passage, quand nous en serons à l’année quatre cens soixante et deux, qui suivant mon opinion, fut celle du rétablissement de Childéric.

L’abbréviateur et l’auteur des Gestes racontent ce fait, comme Gregoire de Tours. Ils disent même le nom du confident de Childéric, ils nous apprennent que ce sujet fidelle s’appelloit Viomade.

Quoique Gregoire de Tours ne dise point que les interêts de l’empire ayent eu part au détrônement de Childéric, on est tenté néanmoins, quand on fait réflexion sur les conjonctures où il arriva, de croire que cette destitution aura été ménagée par Egidius, qui pouvoit avoir des raisons de penser que Majorien ne devoit point se fier à ce roi des Francs. Cette déposition peut donc bien avoir été une des conditions du traité fait entre Majorien et les Francs, qui étoient encore si mal avec lui en quatre cens cinquante-huit, lorsque Sidonius faisoit contre eux les imprécations qu’on a lûës, et qui peu de tems