Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/562

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

raconté à sa mode, le rétablissement de Childéric. D’ailleurs l’on voit par la part que notre auteur donne à Egidius dans ces évenemens, qu’il falloit qu’Egidius fût encore vivant quand ils arriverent. Ils étoient d’une si grande importance qu’il est bien mal aisé de croire qu’on eût oublié dans les Gaules deux cens ans après, qui étoit le général, lequel commandoit en chef dans ce païs-là, lorsqu’il essuya une pareille révolution.

L’auteur des Gestes dit donc : » En ce tems-là les Francs » se rendirent maîtres de la Colonie d’Agrippine située sur le Rhin, & dont ils se sont accoutumés à nommer la ville principale, La Colonie absolument. Ils y tuerent plusieurs de ceux des Citoyens qui s’étaient déclarés pour Egidius. Ce Géneral étoit alors lui-même dans te païs, mais il trouva moyen de se sauver. Ces mêmes Francs marcherent ensuite à Treves, Cité située sur la Moselle, & quand ils eurent pris sa ville Capitale, ils la saccagerent ainsi que tout le plat païs des environs. »

On ne sçauroit douter que ce ne soit ceux des Francs qu’on appelloit les Ripuaires qui ayent fait ces deux expéditions. Nous avons vû que dès le tems de la venuë d’Attila dans les Gaules, la tribu des Ripuaires occupoit déja le païs qui lui avoit donné le nom qu’elle portoit, je veux dire le païs qui est entre le Bas-Rhin et la Meuse. Ils n’en avoient point été chassés depuis ce tems-là, et nous verrons même dans l’histoire de Clovis[1], que Sigebert qui dans le tems où Clovis regnoit sur les Saliens, regnoit de son côté sur les Ripuaires, étoit maître de la ville de Cologne quand il mourut. Si les Ripuaires n’étoient pas encore entrés dans Cologne et dans Tréves en quatre cens soixante et deux, quoiqu’il y eût déja plus de douze ans qu’ils fussent cantonnés sur le territoire de ces deux villes, c’étoit par la même raison qui avoit été cause que les Visigots n’étoient entrés que cette année-là dans la ville de Narbonne, quoique depuis l’année quatre cens dix-neuf ils eussent eu continuellement des quartiers dans les environs de la place.

Comme Tréves étoit la capitale de la province qui se nommoit la premiere Belgique, et Cologne la capitale de la province

  1. Gr. Tur. Hist. lib. 2. cap. 40.