Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/564

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Italie, y retinrent cet empereur et son ministre. Ils n’avoient point encore fait la paix avec ces barbares.

Je supplie ici le lecteur de vouloir bien, pour se faire une idée plus nette des évenemens dont je vais parler, se souvenir de l’état où les Gaules furent mises par la pacification qui s’y fit quand Attila se disposoit à les envahir. La confédération, ou si l’on veut, la république des Armoriques tenoit tout ce qui est entre l’ocean, le Loir et la Seine. La langue de terre qui est entre le Loir et la Loire étoit tenuë par les officiers du prince, qui par-là étoient maîtres du cours de la Loire jusqu’à la hauteur d’Angers seulement : car, comme nous le verrons, Nantes étoit encore sous le regne de Clovis, au pouvoir des Armoriques. Nous avons observé plusieurs fois qu’Aëtius avoit établi dans les environs d’Orleans une peuplade d’Alains, et nous venons de voir que lorsque Majorien fut tué, cet empereur étoit en marche pour se rendre dans les Gaules afin de les punir des hostilités qu’ils y avoient commises depuis peu. Les Visigots occupoient la plus grande partie de la seconde Aquitaine, la Novempopulanie et la premiere des Narbonoises, mais comme on le verra par plusieurs évenemens que nous rapporterons dans la suite, ils ne tenoient point alors la premiere Aquitaine. Du moins ils n’étoient point maîtres du Berri et de l’Auvergne. Ces deux cités, étoient encore certainement en ce tems-là au pouvoir des officiers de l’empire.

L’autorité de ces officiers étoit aussi reconnuë dans les autres provinces de la Gaule à l’exception toutefois, de la partie qu’en tenoient les Francs, les Bourguignons et les Allemands. Il seroit inutile de rappeller ici ce que nous avons déja dit concernant les lieux où ces barbares étoient cantonnés.

Tel étoit l’état des Gaules lorsqu’en quatre cens soixante et trois l’armée des Visigots commandée par Fréderic fils du roi Theodoric premier, et frere du roi Theodoric second actuellement regnant, s’avança jusques sous Orleans, laissant derriere elle, le Berri et d’autres païs ennemis. Cette marche hardie montre bien que les Visigots avoient des amis sur la Loire, et ces amis ne pouvoient être que la peuplade d’Alains établie dans ces quartiers. Elle devoit se déclarer naturellement contre Egidius qui faisoit profession d’être toujours l’ami et même de vouloir être le vengeur de Majorien, mort quand il étoit prêt de passer les Alpes pour venir la détruire. Ainsi nos Alains auront joint l’armée des Visigots lorsqu’elle se fut avancée jusques