Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/575

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qu’elle me paroît décisive : c’est que Cassiodore et Marius Aventicensis qui ont divisé leurs chroniques par consulats, disent positivement que ce ne fut qu’en quatre cens soixante et sept qu’Anthemius fut fait empereur. Or comme nous l’avons déja remarqué, il est bien plus difficile que des copistes transposent un évenement, en le transportant du consulat où il a été placé par l’auteur, sous un autre consulat auquel il n’appartient point, qu’il n’est difficile que des copistes alterent les chiffres numeraux, servans à marquer les années du regne d’un prince, et qu’ils mettent octavo pour decimo.

Anthemius étoit frere d’un Procope qui avoit exercé les plus grands emplois de l’empire d’Orient, et lui-même il étoit déja parvenu à la dignité de patrice, lorsqu’il fut choisi par Leon pour regner sur le partage d’Occident : si nous voulons bien croire ce que dit Sidonius Apollinaris, à la loüange d’Anthemius, il possedoit toutes les vertus ; mais l’ouvrage où Sidonius en fait un si grand homme, est un panégyrique et encore un panégyrique en vers. En effet, à juger de son héros par ce qu’en disent les autres écrivains, cet empereur étoit sage, capable d’affaires, et il avoit plusieurs autres bonnes qualités ; mais il n’avoit ni le courage, ni la fermeté, ni la hardiesse nécessaires pour être un grand prince ; il étoit plus propre à récompenser des sujets vertueux, qu’à mettre des hommes corrompus hors d’état de nuire.

Procope l’historien écrit que le motif qui détermina Leon à choisir Anthemius pour le faire empereur d’Occident, fut le dessein d’avoir à Rome un collégue avec qui l’on pût prendre des mesures certaines pour faire incessamment la guerre de concert aux Vandales d’Afrique. Nous avons vû que Leon avoit fait la paix ou du moins une trêve avec ces barbares quelque tems avant la mort de Majorien, et que par accord une partie de la Sicile étoit restée entre leurs mains, tandis que l’autre partie étoit demeurée au pouvoir des Romains d’Orient. Nous avons vû même que Leon pour ne point enfraindre ce traité, avoit refusé du secours aux Romains d’Occident. Enfin l’accord dont il s’agit subsistoit encore lorsque Severus mourut.

Mais la mort de Severus avoit brouillé de nouveau l’empire d’Orient avec les Vandales. Voici comment la chose arriva. Durant l’interregne dont la mort de Severus fut suivie, et qui dura deux ans, Genseric demanda l’empire d’Occident