Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/610

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regne, l’église de saint Julien qu’il orna de colomnes merveilleuses. »

on observera en premier lieu, que ce ne fut point Euric qui fit construire les bâtimens dont il est parlé dans Gregoire de Tours, ce fut Victorius. La méprise marque même dans celui qui l’a faite, une ignorance grossiere de l’histoire du cinquiéme siecle. En effet, supposer qu’Euric eût bâti à Brioude, l’église de saint Julien martyr c’est ne pas sçavoir que ce prince, comme nous le dirons, étoit un arien zelé et un persécuteur cruel des catholiques. En second lieu, et c’est une remarque de Dom Thierri Ruinart : l’abbreviateur place mal à propos à Brioude l’église dont il fait mention. Celles des églises de saint Julien dont Gregoire de Tours entend parler, étoit dans Clermont même, comme l’ont prouvé les auteurs cités par Dom Ruinart. En troisiéme lieu, Gregoire de Tours ne dit point que l’église de saint Julien dont il s’agit, ait été construite la quatorziéme année du regne d’Euric. Il dit seulement, ce qui est conforme à la verité, que cette église qui étoit l’une des plus anciennes des Gaules, fut alors embellie par Victorius.

Il me seroit facile d’alleguer encore plusieurs autres exemples de l’inattention et de l’incapacité de l’abbreviateur ; mais comme les sçavans connoissent la portée de cet écrivain, je n’en rapporterai point davantage. En effet quoique les éditeurs soient enclins à louer ou du moins à excuser les auteurs dont ils publient les ouvrages, Dom Ruinart, qui dans son édition des œuvres de Gregoire de Tours a placé immédiatement après l’Histoire ecclesiastique des Francs l’abregé dont il est ici question, ne sçauroit s’empêcher de reprocher à son auteur les fautes les plus grossieres, et entr’autres celle d’avoir confondu les deux expeditions du roi Childebert contre les Visigots et de n’en avoir fait qu’une, bien qu’il y eût eu un intervalle d’onze années entre la premiere de ces expéditions et la seconde. Comme les deux expéditions de Childebert avoient