Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/619

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rupture, parce que Rome n’étoit point en état de leur faire la guerre. On vient de le dire ; ce n’étoit qu’avec le secours de ces amis dangereux, qu’elle pouvoit se défendre contre les ennemis déclarez qu’elle avoit déja. Ne rappellez-vous pas trop souvent, me dira-t-on, l’idée de l’état où les Romains étoient réduits sous les derniers empereurs d’Occident ? Je tombe d’accord de ma faute, mais si ces répetitions fatiguent les lecteurs attentifs, elles seront utiles aux lecteurs un peu distraits, et j’ai lieu de croire, que ces derniers ne soyent en plus grand nombre que les autres.

Si je ne fais que conjecturer dans ce que j’ai dit des Francs, je suis fondé sur des faits, dans ce que je viens de dire des Bourguignons. Nous avons vû que cette derniere nation étoit amie des Romains dans le tems que se donna le combat du Bourgdieu, et nous allons voir que bien qu’elle portât toujours les armes pour eux sous les trois premiers successeurs d’Anthemius, elle ne laissa point d’étendre sous leur regne, ses quartiers, et même de s’y mettre en possession du gouvernement civil.

En premier lieu nous trouvons dans une lettre de Sidonius Apollinaris écrite à un de ses parens, qui portoit le nom d’Apollinaris comme lui, que sous le regne des successeurs d’Anthemius, Chilpéric un des fils de Gundéric, et l’un des rois des Bourguignons, étoit actuellement maître de la milice. Ce Chilpéric apparemment est le même dont il est fait mention dans Jornandès. Notre historien dit en parlant d’une campagne que Theodoric II roi des Visigots fit en Espagne pour le service de l’empire, et contre les Sueves, que ce roi y avoit avec lui, Gunderic et Chilperic rois des Bourguignons. Lorsque Jornandès donne à Chilperic le nom de roi du vivant de Gunderic pere de ce prince ; Jornandès ne fait rien que l’usage de son tems n’autorisât. Nous justifions ailleurs cette observation. Voici l’extrait de la lettre de Sidonius laquelle nous venons de citer : » J’ai vû à Vienne votre frere Thaumastus. Il est inquiet sur les suites des mauvais rapports qu’on a