Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/639

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ne devoit pas compter sur lui pour l’exécution du traité, ne songe qu’à le tirer des Gaules. Il l’appelle donc à la cour, et il dit qu’il veut envoyer dans les Gaules son armée pour les défendre. En effet Nepos fait partir Orestés à la tête de l’armée d’Italie ; mais son intention n’étoit pas qu’elle arrivât dans les Gaules avant que les ordres secrets dont étoient chargés ceux qui devoient remettre l’Auvergne aux Visigots, eussent été executés pleinement. Ainsi Orestés qui la commandoit, n’avoit point encore passé Ravenne, lorsqu’il apprit que les païs qu’on l’envoyoit défendre, avoient été livrés à Euric. On verra dans le chapitre suivant quelles suites eut cette nouvelle, quand elle fut sçûë dans le camp d’Orestés.

L’explication que je viens de faire du passage de Jornandès est confirmée par les particularités qui se trouvent dans celles des lettres de Sidonius où il parle des circonstances de la cession de l’Auvergne faite aux Visigots. Voici ce qu’il écrit à Papianilla qui avoit été sa femme avant qu’il fût évêque, et qui étoit sœur d’Ecdicius. » Le Questeur Licinianus, qui vient de Ravenne (c’étoit lui qui avoit le secret de Nepos), m’a écrit dès qu’il a eu mis le pied dans les Gaules, pour me donner part de son arrivée, & par ses Lettres il m’apprend qu’il apporte à votre frere Ecdicius dont l’élevation ne nous donnera pas moins de joye que mon avancement vous en a donné, les provisions de la dignité de Patrice. En faisant réflexion à l’âge d’Ecdicius, on trouve cet honneur prématuré, mais on trouve qu’il s’est fait attendre long-tems quand on pense à ses services. C’est toujours une belle action à Julius Nepos d’avoir exécuté la promesse qu’Anthemius’un de ses prédecesseurs avoir faite à votre frere. Nepos, quand il en use avec tant d’équité, se montre aussi digne de l’Empire » par ses sentimens qu’il l’est par ses vertus militaires. Voilà de quoi encourager tous les bons citoyens. » Ce fut donc pour obliger Ecdicius à quitter les Gaules, et à se rendre plûtôt à la cour, que Nepos le fit patrice de l’empire d’Occident. Sidonius se seroit bien donné de garde de loüer Julius Nepos