Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/70

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bares, écrit Dion, que nous connoissons sous le nom de Germains, ayant occupé toute la partie des Gaules située sur la rive gauche du Rhin, ils ont été cause qu’on lui a donné le nom de Germanie. Elle se divise en deux Provinces, la superieure, ou celle qui est la plus voisine des sources du Rhin, & l’inferieure, ou celle qui est sur le Bas-Rhin, & qui s’étend jusques à son embouchure dans l’Ocean Britannique. » On peut voir dans la Notice des Gaules que deux des dix-sept Provinces, dans lesquelles les Gaules étoient divisées au commencement du cinquiéme siecle, s’appelloient encore, l’une la premiere Germanique, ou la Germanique superieure, et l’autre la seconde Germanique, ou la Germanique inferieure.

Il y avoit même des Colonies de Germains établies dans quelques autres Provinces des Gaules. Tacite dit que les Habitans de la Cité de Tréves et ceux du Tournaisis se glorifioient beaucoup d’être Germains d’origine. Tréves étoit la Métropole de la premiere Belgique, et Tournai une des Cités de la seconde.

L’usage de transplanter des peuplades de Germains dans les Gaules pratiqué de tout tems par les empereurs, étoit très-conforme aux plus sages maximes de la politique, qui ordonnent aux Etats de multiplier autant qu’il est possible, le nombre de leurs sujets. D’ailleurs, dès que les Germains qui generalement parlant méditoient sans cesse sur les moyens de faire quelqu’incursion dans les Gaules, tant qu’ils habitoient à la droite du Rhin, avoient été une fois transplantés sur la gauche de ce fleuve, ils devenoient autant de soldats qui servoient l’empire, sans toucher aucune paye ; dès lors ils avoient interêt de s’opposer de toutes leurs forces aux brigandages de leurs anciens compatriotes, dont ils ne pouvoient pas manquer d’être la premiere victime. Ceux qui viennent les armes à la main pour fourager nos champs et pour enlever nos troupeaux, sont nos veritables ennemis, quoiqu’ils soient de la même Nation que nous ; et les Etrangers qui se joignent à nous pour les repousser, sont nos veritables compatriotes. Enfin les nouveaux Habitans que les Romains introduisoient