Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/89

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chaleur l’armée Romaine et qu’ils lui envoyoient de nombreux secours.

Dans un autre endroit, Tacite écrit aussi en rendant compte de l’arrangement que Vitellius fit après avoir terminé à son avantage sa guerre contre Othon : « Vitellius renvoya aux Cités des Gaules leurs secours, dont le nombre étoit considerable. Il avoit été bien aise de faire parade d’un tel renfort au commencement de son entreprise. Quand elle fut terminée, ce Prince pour empêcher que la dépense de l’Etat n’excédât son revenu, diminua encore le nombre des soldats dans les légions & dans les troupes auxiliaires, en défendant de recruter ces Corps, & en donnant leur congé à tous ceux qui le demanderent. » Tacite ne sçauroit mieux donner à connoître que sous le nom de secours fournis par les cités des Gaules, il n’entend point les Cohortes auxiliaires de troupes réglées et soudoyées que Vitellius auroit pû faire lever dans les Gaules. Vitellius renvoye chez elles toutes les Milices des Gaules dont il avoit voulu seulement faire parade, mais il se contente de réduire à un moindre nombre les soldats des Cohortes auxiliaires levées et soudoyées par l’Empereur.

On voit même dans Tacite que les Cités des Gaules ont fait quelquefois la guerre l’une contre l’autre dans le tems qu’elles étoient soumises à l’Empire Romain ; elles ne pouvoient faire ces guerres qu’avec leurs propres Milices. Lorsque Galba eut été proclamé Empereur, la Cité de Vienne se déclara pour lui, et celle de Lyon se déclara pour Néron, qui avoit rebâti la Capitale de ce district après qu’elle eut été brûlée. Nos deux Cités se firent ensuite une guerre sanglante, dont les évenemens furent plus d’une fois funestes à l’une et à l’autre. Tacite dit même qu’elles la continuerent avec un acharnement qu’on n’a point ordinairement quand on ne la fait que pour les interêts de son Prince. Cela suppose donc que l’un et l’autre parti pouvoient mettre en campagne des troupes parmi lesquelles il y avoit quelque discipline, & qui étoient un peu aguerries.