Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/15

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prennent, et qui ont écrit environ un siecle après sa mort, ou n’auroient point parlé de l’acquisition de Marseille, ou bien ils auroient fait mention de la prise de Marseille par une autre puissance, si ce prince eût perdu Marseille avant que de mourir. Il est donc apparent qu’il avoit conservé Marseille jusqu’à sa mort, ainsi qu’il avoit certainement conservé Arles.

Nous trouvons cependant dans Gregoire De Tours, que lorsque Clovis fit la guerre aux bourguignons, ce qui arriva en l’année cinq cens, comme nous le dirons dans la suite, les Bourguignons étoient actuellement en possession de la Province Marseilloise. Notre Historien commence la relation qu’il nous donne de cette guerre par dire. « Dans ce tems-là le royaume de Gondebaud et de Godégisile son frère s’étendoit le long de la Saone & du Rhône, & il comprenait encore la Province Marseilloise. » Comme Gregoire De Tours ne fait ici aucune mention particuliere d’Arles, rien n’empêche de croire que les Bourguignons ne tenoient pas cette place en l’année cinq cens ; mais que les Visigots après avoir perdu la Province Marseilloise, n’avoient point laissé de conserver Arles, suivant l’apparence, à la faveur du Pont que cette Ville avoit sur le Rhône, & par lequel elle communiquoit librement avec la premiere Narbonnoise, & les autres contrées, où ils avoient leurs établissemens les plus solides. En effet Arles étoit encore soumise à leur roi Alaric II quand Césaire fut fait évêque d’Arles, ce qui arriva vers l’année cinq cens trois. Il est dit dans la Vie de ce Prélat qu’il fut accusé par un de ses Secretaires devant le roi Alaric, d’avoir voulu livrer Arles aux Bourguignons, et que ce Roi se prévint tellement contre lui, qu’il fut tiré de son Diocèse, et relegué à Bordeaux. Mais l’innocence de Césaire ayant été reconnuë à quelque tems de-là, il fut rappellé, et son calomniateur fut puni de mort