Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/222

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Il est sensible d’un autre côté, en lisant le passage de Procope que nous allons transcrire, que ce fut Theodoric qui fit entre la nation des Gots et celle des Francs la paix dont nous parlons, et par laquelle les pays nouvellement conquis sur les Visigots par les Francs demeurerent aux Francs. Or Theodoric, comme nous l’avons déja remarqué, n’a pû faire un pareil traité dans lequel il stipuloit pour les Visigots des conditions qui leur devoient être bien douloureuses, qu’après la déposition de Gésalic, et l’installation d’Amalaric fils d’Alaric II et de la fille de Theodoric qui étoit grand-pere d’Amalaric, et qui fut toujours son tuteur despotique. Ainsi la paix dont il est question ne sçauroit avoir été faite avant l’année cinq cens dix.

J’ajouterai même une nouvelle raison pour confirmer ce qui vient d’être avancé. La matiere est importante pour l’intelligence des anciens auteurs, et d’un autre côté les auteurs modernes en avançant de quelques années la date de la paix dont il est question, se sont mis dans l’impossibilité de bien expliquer les anciens, et ils ont embrouillé l’histoire des dernieres années du regne de Clovis. Voici ma nouvelle preuve.

Theodoric, comme on vient de le voir, ne sçauroit avoir fait cette paix, avant qu’il eût été reconnu par les Visigots pour tuteur d’Amalaric et pour administrateur des Etats de ce prince son petit-fils. Cependant ce ne fut qu’en cinq cens dix que les Visigots reconnurent Theodoric en cette qualité. Comme nous aurons occasion de le dire plus au long dans la suite ; la regence de Theodoric étant un véritable regne, plûtôt qu’une administration, tant qu’il vêcut, Amalaric jusques-là ne fut roi des Visigots que de nom. Theodoric regnoit si bien sur eux réellement, qu’on datoit alors en Espagne, Du regne de Theodoric, et non pas, Du regne d’Amalaric. C’étoit Théodoric qu’on y regardoit comme le successeur de Gésalic. Or l’époque du regne de Théodoric ne commençoit en Espagne qu’à l’année cinq cens dix. Il est dit dans les actes du concile de Terragone ; qu’il fut tenu sous le consulat de Petrus, consul en cinq cens seize, et la sixiéme année du regne de Théodoric. Dans les actes du concile de Gironne, nous lisons qu’il fut tenu sous le consulat d’Agapetus consul en cinq cens dix-sept, et la sep-