Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/266

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dont les vertus font l’honneur de notre regne, & dont les prieres attirent sur nous la benediction du Ciel, soit en leur témoignant notre vénération, soit en relevant l’éclat de leurs dignités, nous sommes persuadés que nous travaillons à la fois à notre salut & à notre prospérité temporelle. » C’est de la chartre donnée par Clovis en faveur de l’abbé du Moustier-Saint-Jean, et dont nous avons déja rapporté plusieurs fragmens, que les paroles qu’on vient de lire sont tirées.

L’histoire de Clovis contient plusieurs marques de sa deference pour saint Remy, et l’on a tout lieu de penser, que notre prince s’étoit si bien trouvé d’avoir suivi les conseils qu’il avoit reçûs étant encore payen, de cet évêque, qu’il les suivit toute sa vie. Le lecteur n’aura point oublié que saint Remy avoit écrit dès-lors à Clovis, qu’il l’exhortoit à vivre en bonne intelligence avec les évêques dont les sieges étoient dans la province du roi des Saliens, afin de trouver plus de facilité dans l’exercice des fonctions de ses dignités. La vie de saint Vast évêque d’Arras, fait foi, que Clovis avoit beaucoup d’amitié pour lui. Nous voyons dans celle de saint Mesmin, l’affection qu’il avoit pour Euspicius premier abbé de Mici, et la vie de saint Melaine évêque de Rennes, nous apprend encore, que ce prélat fut un des conseillers les plus accredités de notre premier roi chrétien. Nous sçaurions bien d’autres faits concernant la vénération de Clovis pour les saints personnages de son tems, si nous sçavions un peu mieux l’histoire du cinquiéme et du sixiéme siécle.