Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/312

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voyons ausi ce que Tulum a fait dans la suite. Il est envoyé une seconde fois dans les Gaules pour veiller à leur conservation, dans un tems où les Francs & les Bourguignons étoient en guerre les uns contre les autres. On craignoit alors avec raison, que celui des deux Peuples dont le courage seroit enflé par la victoire, ne se jettât sur un Pays que nos armes avoient eu tant de peine à recouvrer. Tulum fit mieux que de conserver la partie des Gaules confiée à ses soins, non-seulement il la garentit de tout dommage, mais il sçut encore le conduire avec tant de prudence, que sans s’exposer aux périls de la guerre, il acquit à la République Romaine une nouvelle Province ; il lui fit remporter une victoire qui ne lui coûta point le sang d’aucun de ses enfans, il lui fit cueillir des palmes sans l’exposer. Enfin il la fit triompher sans lui avoir fait courir les hazards des combats. »

Si l’on ne connoissoit pas le langage de Cassiodore, on croiroit que Tulum se seroit fait céder par les Bourguignons quelque chose de bien plus grande importance, que les quatre cités dont nous avons parlé. En effet, Cassiodore dit que Tulum acquit une province à la République Romaine. Mais on connoît le style plus qu’oratoire de cet auteur ; et comme dans sa lettre il ose bien appeller les Gaules absolument, la petite portion des Gaules que tenoient alors les Ostrogots, il a bien pû qualifier du nom magnifique de province les quatre cités que les Bourguignons avoient remises à Tulum.

On ne sçauroit douter que Theodoric, en consequence de la cession dont nous venons de parler, n’eût promis aux Bourguignons tous les secours qu’il pouvoit leur donner sans se déclarer. On ne sçauroit même douter, qu’il ne les ait donnés, puisqu’il étoit de son interêt de s’opposer à l’agrandissement des Francs, et qu’il n’avoit rien à reprocher sur le meurtre de Sigéric fils de Sigismond et son petit-fils, à Godemar qu’il s’agissoit de favoriser. Ce fut, comme on l’a déja dit, ce prince frere de Sigismond, que les Bourguignons proclamerent roi, quand ils reprirent les armes contre les Francs en l’année cinq cens vingt quatre. Voici le récit que Gregoire De Tours fait de la rébellion des Bourguignons et de ses suites.

» Dès que Clodomire, Childebert & Clotaire s’en furent retournés au lieu de leur séjour ordinaire, Godemar rassem-