Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/347

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en âge, & près de la fin, il fir assembler ceux des Ostrogots qui avoient des emplois, & les principaux Citoyens de cette Nation, & il déclara devant eux Athalaric, qui n’avoit encore que dix ans, son successeur dans ceux des differens Etats qu’il gouvernoit, desquels il étoit Proprietaire. Il ajouta que cette déclaration auroit la même force qu’un testament fait dans toutes les formes, qu’il enjoignoit au surplus à ceux qui l’écoutoient, de bien servir leur jeune Roi, d’aimer le Sénat & le Peuple Romain, & d’entretenir toujours une bonne correspondance avec l’Empereur d’Orient. »

On voit par la lettre qu’Athalaric, dès qu’il fut monté sur le trône, écrivit à Justinien, que le nouveau roi des Ostrogots accomplit exactement les dernieres volontés de son ayeul. En voici un extrait : » Vous avez autrefois élevé au Consulat mon ayeul Théodoric. Vous avez daigné envoyer à mon pere jusques dans l’Italie, la robe triomphale ; & pour vous l’attacher encore plus étroitement, vous l’avez déclaré votre fils d’armes, & vous avez bien voulu ainsi adopter un Prince qui étoit presque de votre âge. Etant aussi jeune que je le suis, vous m’adopterez avec encore plus de convenance. Daignez donc acquérir par vos bienfaits quelque supériorité sur mes Etats. Ma reconnoissance vous y rendra maître encore, plus que vous ne l’êtes dans les vôtres. Voilà pourquoi j’ai nommé tel & tel mes Ambassadeurs auprès de votre Sérénité, & je les charge par » leur instruction de vous prier de m’accorder votre amitié aux » mêmes conditions que les Princes vos prédécesseurs ont ac » cordé la leur à mon ayeul de glorieuse mémoire. »

Il est clair par cette lettre, et c’est une observation qu’on ne sçauroit s’empêcher de faire plus d’une fois, que les rois Ostrogots vouloient bien reconnoître dans les empereurs d’Orient une supériorité de rang, mais non pas une supériorité de jurisdiction, et qu’ils se croyoient en droit de traiter avec ces empereurs de couronne à couronne. C’est ce qui peut confirmer dans l’opinion que Zénon avoit cédé purement et simplement tous les droits de