Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/402

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Romains des Gaules à reconnoître pour souverain le prince, qui étoit appellé à la couronne des Francs, ce n’étoit point parce qu’il devenoit roi des Francs, mais c’étoit parce qu’il se trouvoit en même tems appellé à la principauté des Romains en vertu des conventions qu’ils avoient faites avec Clovis, et en vertu des diplomes des empereurs.

Personne n’ignore que dans les monarchies héréditaires on appelle Loi de succession absolument, la loi qui regle la succession à la couronne, et qu’on y regarde avec raison comme leur plus ferme soutien, parce qu’empêchant les interregnes, et dispensant des élections, elle prévient la plus dangereuse des contestations qui puissent naître dans un Etat ; celle de sçavoir, qui doit y succeder. Elle est d’autant plus funeste, qu’il est ordinaire qu’elle dégenere en guerres civiles, durables et fatales souvent à l’Etat même : en effet la loi de succession oblige non-seulement le peuple à reconnoître pour souverain celui des princes de la famille regnante, que l’ordre de succeder tel qu’il est établi dans l’Etat, appelle à remplir le trône dès qu’il est devenu vacant ; mais elle oblige aussi le prince dont le rang pour monter au trône est venu, à se charger du poids du gouvernement, sans qu’il puisse se refuser à sa vocation, ni même abdiquer la couronne, qu’avec le consentement du peuple. Dès que le pacte qui engage réciproquement un certain peuple à une certaine famille, et une certaine famille à un certain peuple, a été fait, dès que la loi de succession dont ce pacte est la baze a été une fois établie : d’un côté le mort saisit le vif, qui n’est point obligé à demander le consentement de personne pour exercer un droit qu’il ne tient plus que de Dieu seul, qui par une providence particuliere l’a fait naître dans le rang où il est né, et dont par consequent il n’y a point de pouvoir sur la terre qui puisse le dépouiller malgré lui : d’un autre côté les sujets ont droit de proclamer ce successeur sans attendre son consentement, et de le déclarer chargé de tous les soins attachés à la royauté. Si ceux qui composent le peuple sont nés pour être ses sujets, il est né pour être leur pere.

La monarchie Françoise ayant été héreditaire dès son commencement, il doit y avoir eu une loi de succession dès le regne de Clovis qu’on peut regarder en quelque maniere comme son fondateur. Tâchons donc d’expliquer en premier lieu comment cette loi y a été établie par la réunion de tous les droits acquis par son fondateur, et faite par lui à la couronne des Francs