Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/451

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de se rendre chacun dans la Ville Capitale de la Cité où il étoit domicilié, pour y célebrer ces Fêtes avec son Evêque. » Voilà suivant l’apparence, ce qui a fait penser à Monsieur De Valois, que ces Sénieurs fussent ce qu’on appelle des vétérans ou des officiers retirés, que le roi mandoit dans les occasions, pour prendre leur avis. Mais il est sensible par tous les autres passages, que M. De Valois rapporte, comme par ceux qui se trouvent dans le glossaire de Monsieur du Cange[1], que nos Sénieurs étoient les officiers exerçans actuellement un emploi considérable.

On voit même par la vie de saint Faron évêque de Meaux, dans le septiéme siecle, que nos Sénieurs avoient alors des supérieurs qui s’appelloient Archi-Sénieurs. Les Sénieurs ayant été multipliés par tous les évenemens qui multiplient les chefs subalternes d’une nation. Ils n’auront pas pû rendre tous compte, soit au prince lui-même, soit à l’officier préposé par lui, de la portion du gouvernement dont ils étoient chargés. Il aura donc fallu leur donner des supérieurs, avec lesquels ils travaillassent, et qui travaillassent ensuite eux-mêmes avec le roi, ou avec ceux de ses conseillers qui avoient le plus de part à sa confiance. Il est dit dans cette vie, en parlant des ambassadeurs du roi des Saxons, que Clotaire II à qui ces ministres avoient parlé avec insolence, vouloit faire mourir. « Les officiers qui suivoient le roi, et les Archi-Sénieurs s’opposerent avec courage et avec fermeté, à l’exécution de l’arrêt que le roi venoit de prononcer. » Ces Archi-Sénieurs, à qui les Romains avoient donné un nom tiré de la langue latine, sont apparemment les mêmes officiers qui dans la Loi Salique, sont désignés par le nom de Sagibarones, mot Franc latinisé. Le meurtrier de ces personnes-là, étoit condamné à une peine pécuniaire de trois cens sols d’or. En effet, Monsieur Eccard dans son commentaire sur la Loi Salique, fait venir le nom de Sagibarones de deux mots germains, dont l’un signifie une affaire, et l’autre un homme ; de maniere qu’on pourroit traduire Sagibarones, par l’appellation, de gens qui administrent les affaires, ou par celle de Gens des affaires, en usage sous Charles Neuf et sous Henry Trois.

  1. Ad vocem Senior.